L’Independent Commission Against Corruption (ICAC) enquête sur les agissements de quelques avoués véreux qui, de mèche avec des usuriers, dépouillent les clients qui n’arrivent pas à rembourser leur emprunt. Les enquêteurs ont noté que, dans certains cas, les victimes n’étaient pas mises au courant du transfert de leur bien au nom des prêteurs sur gages ou celui de leurs proches. Lors de l’arrestation de l’usurier Presram Sookur, 62 ans, lundi, l’ICAC a saisi des titres de propriété dans lesquels figurent les noms de deux avoués.
Des informations recueillies par les hommes de Navin Beekarry, directeur de l’ICAC, sur l’affaire impliquant l’usurier Presram Sookur, mettent à mal deux avoués. Ces derniers ont touché des commissions de 10 à 20 % sur la somme de chaque bien transféré au nom de Presram Sookur ou de ses proches. Ses victimes, elles, n’étaient même pas présentes lors des transactions entre casseur et avoués. Elles avaient simplement laissé leur titre de propriété ou “horsepower” comme garantie lorsqu’elles faisaient leur demande d’emprunt.
Une source à ICAC affirme : « Tout transfert doit être effectué en présence du propriétaire (du bien). L’avoué doit lui expliquer la démarche de son créancier pour qu’il puisse par la suite solliciter un avis légal. Dans le cas présent, non seulement le casseur mène une activité illégale, mais il se permet d’effectuer des transferts de propriété sans le consentement de l’emprunteur, avec la complicité d’un avoué ».
Presram Sookur proposait des prêts à de forts taux d’intérêt, qui augmentaient si les clients n’arrivaient pas à honorer leurs mensualités. Il leur faisait signer un papier en blanc et pouvait disposer de leurs biens sans les consulter. Au moins cinq de ses clients ont appris cette semaine qu’ils n’étaient plus propriétaires de leurs biens, et ce malgré qu’ils continuassent à rembourser leur emprunt.
Presram Sookur dispose d’une réputation notoire de “casseur” à Vacoas, où beaucoup se sont tournés vers lui pour obtenir un emprunt. « Bien souvent, les victimes sont des personnes qui ont besoin d’argent très vite, et qui ne peuvent attendre les procédures administratives d’une banque », explique-t-on du côté de l’ICAC. Grâce à ce procédé, le sexagénaire a fait fortune, amassant des biens estimés à Rs 50 M.
Pour ne pas éveiller les soupçons des autorités, comme la Mauritius Revenue Authority (MRA), il a transféré la majorité de ses millions aux noms de ses proches, tant à Maurice qu’à l’étranger. La commission anticorruption compte se tourner vers la justice pour procéder à la saisie de sept propriétés immobilières et 13 véhicules, qui sont au nom de ses enfants. L’ICAC sollicitera l’Attorney General’s Office pour déterminer comment les biens qu’il a envoyés à sa famille en Australie peuvent être récupérés.
Au cours de son interrogatoire, Presram Sookur a rejeté les accusations portées contre lui. Il a été remis en liberté conditionnelle après sa comparution au tribunal de Port-Louis, où une accusation provisoire de blanchiment d’argent sous la section 3 (1) de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA) a été retenue contre lui.
Presram Sookur avait déjà été condamné à six mois de prison en 2013 pour escroquerie et détournement de fonds. Il avait vendu le véhicule d’un de ses clients sans l’en avoir informé, alors que ce dernier remboursait toujours ses mensualités. Néanmoins, la juge Shaheeda Peeroo, siégeant en Cour suprême, avait cassé le jugement de la Cour de Curepipe deux ans plus tard. Elle avait noté des incohérences entre l’acte d’accusation et le délit commis.
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PRÊT EN GAGES: L’ICAC sur la piste d’avoués véreux
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