- Vikram Punchoo, Second Deputy Governor: « A la lumière du rapport d’Ernst & Young et de nos propres observations, nous recommanderons des actions à la SBM »
- Sur le cas Raj Dussoye; “Le CEO n’est pas le seul concerné par l’approbation et le décaissement des crédits aux clients kenyans »
Un scénario inépuisable avec la Banque de Maurice jouant à Ponce PIlate dans le dossier des Risky Exposures de la State Bank of Mauritius Ltd sur la place publique depuis le 1 er juin. La Banque Centrale attend les conclusions de l’enquête menée par la firme d’audit et de conseils Ernst & Young (EY) sur les procédures suivies par la SBM Bank pour l’octroi d’un prêt à des clients kényans sans avoir pris les garanties nécessaires quant à la couverture de ce prêt. L’enquête a été diligentée par la BoM et le rapport d’EY sera prêt en fin de semaine, a annoncé le second gouverneur adjoint, Vikram Punchoo, lors d’une conférence de presse suivant la tenue de la réunion du comité de politique monétaire de la BoM.
La question des “risky exposures” de la SBM Bank, qui a débouché sur la démission à la fin de la semaine dernière du “Chief Executive Officer”, Raj Dussoye, a polarisé l’attention lors de cette conférence de presse post-MPC, les dirigeants de la BoM étant interpellés en maintes occasions sur les actions que la banque centrale envisageait de prendre à la lumière des informations communiquées de part et d’autre autour de cette affaire.
« Nous ne sommes pas là pour nous substituer au management et au conseil d’administration d’une banque. Nous pouvons intervenir seulement si les intérêts des épargnants sont en danger. Une banque est là pour prendre des risques. Mais dans ce cas précis, c’est une prise de risque assez bête parce qu’ils n’ont pas bien évalué le tout », a déclaré Vikram Punchoo. Ce dernier a indiqué que « la BoM attend le rapport d’EY et décidera de la marche à suivre à la lumière des conclusions et recommandations du cabinet d’audit et de ses propres observations».
Intervenant sur la question, le gouverneur de la BoM, Yandraduth Googoolye, a évoqué le rôle du régulateur et la réputation de nos institutions. Selon le gouverneur, l’auditeur externe est appelé à se pencher sur les comptes d’une banque chaque année alors que l’autorité bancaire fait son évaluation sur une base biannuelle. La BoM a été informée de certains manquements par la firme EY au moment où elle épluchait les comptes de la SBM Bank. D’où la décision de la banque centrale de demander à cette dernière d’entreprendre une enquête approfondie sur cette affaire. A la question de savoir si la SBM Bank a pris des risques démesurés en accordant un prêt aussi important à ses clients kényans, les dirigeants de la BoM ont fait comprendre qu’il appartenait aux banques de calculer les risques associés à des crédits. Les banques doivent disposer de structures appropriées, notamment au niveau de leur conseil d’administration (“risk committee”, “audit committee”, entre autres) pour mesurer ces risques.
Le secteur bancaire mauricien, a argué le Dr Renganaden Padayachy, est l’un des rares au monde à avoir survécu à la crise financière mondiale. Les banques à Maurice sont profitables. « Certes, nous ne vivons pas dans un monde parfait. Nous devons accepter que de temps en temps il y aura des problèmes à surmonter. Nous opérons dans une économie ouverte », a-t-il ajouté tout en soulignant l’apport du secteur bancaire à la croissance économique du pays. La direction de la BoM a soutenu « que les banques sont obligées de se tourner vers l’international pour développer leurs activités ». Mais, selon Vikram Punchoo, il semblerait qu’en ce qui concerne les opérations sous le “Segment B” ( activités offshore), les grandes banques internationales sont mieux loties que les institutions locales. Les dirigeants de la BoM ont également fait ressortir que « les banques sont appelées à appliquer des normes prudentielles en matière d’octroi de crédit, lesquelles normes sont basées sur celles recommandées sous Bâle 111 ».
La BoM est d’avis que le rapport d’EY apportera plus de clarté sur les procédures adoptées par les banques pour leurs opérations à l’international. Le second gouverneur adjoint a fait ressortir que « l’objectif de la BoM est d’avoir un système bancaire plus performant et plus solide ». Faisant référence à l’affaire SBM, il a laissé entendre que s’il y avait eu des manquements, la banque centrale « écrira au “board” » pour qu’il prenne les décisions qui s’imposent. S’il y a des sanctions à prendre, la BoM agira selon les paramètres de la loi.
S’agissant de la démission de Raj Dussoye, la direction de la banque centrale a déclaré : «Jusqu’à preuve du contraire, nous ne sommes pas au courant de ces manquements ».
Vikram Punchoo a indiqué que le CEO « n’est pas le seul concerné par l’approbation et le décaissement des crédits aux clients kenyans ». Toute recommandation de la BoM à la SBM Bank doit être raisonnée, a-t-il laissé entendre, tout en donnant l’assurance que la banque centrale fera son travail comme il se doit.
À une question portant sur le durcissement des conditions applicables pour la désignation des personnes à la tête des banques, la BoM a répondu que les conditions concernant les “fit and proper persons” existent déjà et que les autorités bancaires appliquent rigoureusement ces conditions.