DR DIPLAL MAROAM
Selon l’UNICEF, moins de 50% de la somme que doivent contribuer les pays membres de l’OTAN au budget militaire de l’organisation (2% de leur PIB) aurait permis de résoudre, une fois pour toutes, le problème de la malnutrition dont souffrent 3 enfants sur 10 dans le monde; et le coût de quatre avions de combat sophistiqués serait suffisant afin d’éliminer la déficience en iode, condition sanitaire suscitant une baisse de la capacité mentale, physique et intellectuelle d’environ un milliard de personnes qui en sont atteintes sur le plan global. Mais les activités militaires n’engloutissent pas que des ressources financières ; mis à part leurs effets hautement polluants, elles occupent également de vastes étendues de terres qui auraient pu être consacrées au développement agricole pour nourrir la population mondiale.
Par ailleurs, dans de nombreux pays, riches et pauvres, la situation par rapport à l’alimentation est devenue, ces dernières années, un véritable problème de santé publique. S’il y a, en effet, des millions d’êtres humains qui sont victimes de l’insécurité alimentaire au quotidien, des millions d’autres souffrent des conséquences de la surconsommation. Ainsi, hormis la pauvreté, la faim, la malnutrition, l’insalubrité de l’eau, les mauvaises conditions d’assainissement et d’hygiène, une consommation abusive de nourriture grasse, sucrée et salée combinée aux effets nuisibles du tabac et des produits alcoolisés constitue aussi un cocktail explosif de morbidité chez l’homme. Si, dans certains pays pauvres, le manque de ressources pour nourrir les populations est souvent associé à la mauvaise gouvernance et la corruption, dans les pays riches, la négligence de même que la méconnaissance des régimes alimentaires s’avèrent très souvent fatales. Or, environ 30% de la mortalité totale mondiale est dû justement aux maladies cardio-vasculaires. Et à Maurice, la situation n’est guère réjouissante.
Pourtant, une consommation convenable de fruits et légumes colorés tels les carottes, tomates, choux, poivrons, épinards, cresson, entre autres, démontre un effet protecteur contre ces maladies, ce dû à la présence de plusieurs composés biochimiques qui agissent en synergie les uns avec les autres. Notamment, les caroténoïdes, une famille comprenant différents pigments ayant des effets antioxydants. Le plus connu est la provitamine-A ou carotène mais il y a aussi la lutéine et les xanthines des épinards, la vitamine C du chou, du cresson qui, grâce à ses effets antioxydants également, permet de ralentir certaines lésions d’athérosclérose et les fibres qui facilitent le transit intestinal, combattant ainsi le cancer du côlon mais aussi permettant d’améliorer le métabolisme des graisses et abaissent le taux de cholestérol. Les antioxydants sont aussi indispensables pour mettre hors d’état de nuire les radicaux libres qui sont des molécules insaturées dont les électrons périphériques sont à l’état libre et pouvant ainsi se combiner aisément avec d’autres éléments chimiques. Dérivés de nombreux processus physiologiques, ils réagissent avec la plupart des molécules qu’ils rencontrent et ces réactions sont toujours nuisibles pour les processus vitaux. Qui plus est, des radicaux libres peuvent en engendrer d’autres, prolongeant ainsi les dégâts.
Si l’hypercholestérolémie est souvent associée à une histoire de manque de récepteurs sur les cellules pouvant recevoir le LDL (Low Density Lipo-protein) cholestérol – le facteur génétique, le non-respect du régime alimentaire en est aussi responsable. S’il est acquis aujourd’hui que la consommation globale des lipides – corps gras et graisses de constitution des aliments, en particulier des viandes et des fromages, entre autres – accentue les risques de maladies cardio-vasculaires, des études ont démontré l’effet bénéfique du thé – une moindre incidence d’athérome et une tension artérielle moins élevée. L’effet semble, toutefois, plus prononcé pour le thé vert, riche en flavonoïdes, agissant en tant qu’antioxydants, que pour le thé fermenté.
Finalement, alors que 2 milliards de personnes ne mangent pas à leur faim chaque jour et que la grande majorité de la population mondiale ne peut avoir accès à une alimentation saine et équilibrée pour le bon développement de l’organisme, la question qui se pose est de savoir si nous sommes réellement égaux devant le droit fondamental à la nourriture.