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Suraj Ray (président du Macoss) : « Je suis animé par le désir de servir »

« Je suis animé par le désir de servir », soutient le nouveau président du Macoss, Suraj Ray, qui présidait jeudi une “Brainstorming Session” sur les “Flag Days” à l’intention de plus de 80 Ong à la mairie de Port-Louis. Alors que les divisions et autres conflits de clans au sein du Macoss ces dernières années ont eu pour effet d’éclipser la vraie raison d’être de cette instance, le nouveau président nous en rappelle l’utilité. Il dit être venu pour « transformer le Macoss, et non pas pour apporter des changements cosmétiques ».

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Le Macoss a organisé une Brainstorming Session sur les “Flag Days” (quêtes des Ong pour lever des fonds). Quel en était le but et quels ont été les problèmes soulevés ?
J’avais dit que la communication faisait cruellement défaut entre le Macoss, ses membres et les autres “stakeholders”. J’ai donc commencé aujourd’hui (jeudi, Ndlr) à travers une première prise de contact directe. Ce qui est important pour un président, c’est de savoir ce que pensent ses membres. Un des problèmes fondamentaux qui est remonté vers moi quand je faisais campagne a été la quête. Je pensais que seules 10 ou 20 Ong étaient concernées, mais ce sont 86 Ong qui font face à ce problème. Elles sont toutes unanimes à dire que la manière dont la police a appliqué la loi pose problème. Aujourd’hui, c’est la police qui dirige tout, et non le Macoss. Autrefois, le Macoss établissait une liste des Ong qui pouvaient faire des levées de fonds. Chacune avait trois jours équitablement et aucune n’empiétait sur l’autre en termes de jours. Aujourd’hui, on a ouvert la porte, tout le monde a un permis pour faire la collecte. Mais il faut l’avoir fait dans un nombre de jours limités. On ne peut placer les boîtes dans les centres commerciaux ni dans les écoles. Cela pose un problème sérieux car on ne peut faire la collecte vu qu’il y a une convention anti-enfants et qu’on ne peut faire travailler les enfants. Ils considèrent cela comme un travail alors que c’est du volontariat. Il faut inculquer des valeurs aux enfants. Comment deviendront-ils des volontaires ? Vu que ce problème affecte nos Ong, il est de notre devoir, au Macoss, de comprendre ce qu’il en est exactement pour pouvoir faire des représentations auprès des autorités.

Quelle sera donc la suite à cette réunion ?
On mettra sur pied un comité technique composé de personnes qui sont à même de comprendre le problème. Nous préparerons des propositions. Nous mettrons aussi de l’ordre dans nos Ong. J’ai eu vent que certaines sont des Ong “bwat karton”. Il faut faire une enquête pour voir ce qu’il en est vraiment. Par ailleurs, les Ong, quand elles collectent de l’argent dans le public, doivent être responsables. Il faut voir comment, nous au Macoss, nous responsabiliserons les Ong. Nous irons aussi voir la police pour essayer de trouver un nouveau moyen de procéder.

Quel est le délai que vous vous donnez pour cette tâche ?
Difficile à dire, mais d’ici février/mars nous devrions avoir un travail bien organisé.

L’image du Macoss a été entachée ces dernières années, avec des clans, des divisions, l’esprit de règlement de compte parmi les membres, et l’épisode de formulaires manipulés en prévision des dernières élections. Est-ce qu’on n’aurait pas oublié le but premier de l’organisation ?
Ce qui est bien, dans une organisation, c’est que quand elle change de président, elle change aussi d’orientation. Il faut poser cette question aux anciens. Aujourd’hui, quand on voit ces 86 Ong se plaindre, il faut s’interroger sur ce qui a été fait dans le passé. Ce qui est important aujourd’hui, c’est qu’en tant que président, je veux apporter des changements. Moi, je viens pour transformer le Macoss, et non pas pour apporter des changements cosmétiques.

Quelles sont vos priorités ?
C’est très simple. Le Macoss travaille avec une équipe de quatre à cinq personnes. Comment allons-nous opérer ainsi ? Il nous faudra former notre personnel et communiquer avec nos membres. Au niveau des finances, je comprends qu’il y ait des difficultés. Je cherche des rapports dont l’existence n’est pas sûre. Il y a eu des critiques contre des comités qui n’ont pas bien fonctionné dans le passé. Nous verrons.

Quelle est au juste l’utilité du Macoss ?
Le Macoss est vraiment la voix de toutes ces organisations. Nous recueillons leurs doléances pour les porter auprès des autorités.

Les Ong ne peuvent-elles pas se débrouiller par elles-mêmes ?
Non. Même ce matin, les membres m’ont fait voir qu’il y aurait dû avoir la présence d’un représentant du PMO, de la police, etc. Je leur ai dit qu’on doit d’abord mettre de l’ordre dans notre maison, bien comprendre notre problème. Une fois que nous aurons réuni nos voix en une seule, nous irons vers les autorités concernées.

A voir les conflits qu’il y a souvent au sein du Macoss, beaucoup se demandent si n’est pas la recherche du pouvoir et des voyages, plutôt que la cause sociale, qui anime ses membres. Que répondez-vous à cela ?
Il faut demander aux anciens.

Mais vous, personnellement, vous étiez syndicaliste. Qu’est ce qui vous a tant motivé à vous porter candidat à la présidence du Macoss ?
Oubliez le syndicalisme. Moi, j’ai été un enfant pauvre. Je n’avais pas de quoi manger. J’ai été à l’école pieds nus. Je n’avais pas de livres, pas de sac. Je sais ce que c’est que la misère noire. Quand vous n’avez pas de maison, pas de parent… J’ai connu beaucoup de difficultés pour démarrer dans la vie, pour trouver un travail et me tenir sur mes propres pieds. Aujourd’hui, je subviens aux besoins de ma famille. Moi, je ne viens pas d’un bureau quatre étoiles. Je suis donc animé par le désir de servir toutes ces personnes et de rendre leur vie facile. C’est quoi le travail du Macoss ? Justement de porter tous les problèmes des Ong aux autorités. Nous, nous connaissons ces portes où il faut frapper. Nous le ferons avec beaucoup de dialogue et beaucoup de franchise.

La recherche de la présidence ne constitue-t-elle pas un tremplin pour faire de la politique ?
C’est vous qui le dites. Moi, je veux servir les autres.

Ne pensez-vous pas qu’il y a trop d’Ong à Maurice, qu’il y a une duplication d’œuvres caritatives ?
Non, pas du tout. Il y a beaucoup d’organisations qui s’occupent d’enfants avec des “learning difficulties”. Si je vous apporte deux enfants avec de pareilles difficultés, les deux auront deux problèmes différents. Il n’y a pas une organisation qui pourra s’occuper de tous types de difficultés sous un même toit. De fait, plus d’Ong il y a et mieux c’est. Mais il faut aussi que ces dernières se montrent responsables. Je pense que c’est là le devoir des autorités, soit de vérifier si elles fonctionnent dans les paramètres légaux. Toutes les Ong sont régies par la loi. Elles doivent soumettre leur “annual return”, avoir leurs “minutes” et autres documents.

Que pensez-vous de la nouvelle mesure budgétaire consistant à transférer 75% des fonds CSR des entreprises vers la NCSR Foundation ?
Concernant le CSR, nous ferons un nouveau travail bientôt. Autrefois, le Macoss avait certaines facilités avec le NGO Trust Fund. On a décidé de le fermer. Ce qui est intéressant pour le moment, c’est que nous continuerons à recevoir le soutien dont nous avons besoin. Mais le CSR en lui-même, soyons sérieux, on a certes commencé à mettre de l’ordre mais avant, c’était pire. Mais aujourd’hui, l’allocation de l’argent est devenue complexe. Une Ong, pour bénéficier d’argent, doit passer par une série de paperasses qui lui complique la vie. Je pense qu’il y a un travail de formation qu’il faut faire avec les Ong.

Si vous n’avez pas de personnes formées, il devient difficile de présenter des projets. Il faudrait être un peu plus “lenient” envers les Ong. Quand une Ong vient chercher de l’argent, c’est qu’elle sait où elle veut aller. Donc, il faut les aider en leur montrant comment écrire leur projet. Bien des Ong n’ont pu réaliser leurs projets parce qu’elles n’ont su bien les présenter à l’écrit. Donc, il ne s’agit pas d’une question de pourcentage. C’est plutôt dans la manière dont on est en train d’appliquer les choses.

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