- Madagascar ambitionne de développer dix hôtels 5-étoiles en 5 ans
- Le président malgache évoque un « élan neuf dans les relations entre nos deux pays »
Il est venu avec une ambition : « Envoyer un signal fort » aux Mauriciens à l’effet que Madagascar est entré dans une nouvelle ère de développement et que les investisseurs mauriciens peuvent donc venir sans crainte. Le président malgache, Andry Nirina Rajoelina, a donc voulu rassurer la communauté des affaires mauricienne, venue en grand nombre à l’hôtel Westin mercredi pour participer au forum d’affaires Maurice-Madagascar sous l’égide de l’Economic Development Board (EDB)
Andry Rajoelina explique d’emblée : « Nous voulons envoyer un signal fort de stabilité politique à Madagascar et avancer avec confiance et détermination. Nous débutons un nouveau chapitre de notre histoire et Maurice est un allié important de notre progrès. » Il prend l’engagement solennel « de rattraper le retard accumulé grâce à un leadership fort ». Il énonce ainsi ses priorités, avec la sécurité en tête de lice – condition essentielle à la venue des investisseurs – des biens, des personnes et des investissements.
Deuxième priorité : l’eau et l’énergie. Et sur ce point le président malgache de déplorer que « c’est inconcevable que l’énergie produite à Madagascar soit la plus chère d’Afrique ». Il explique que l’objectif du pouvoir en place est de doubler la production énergétique et de réduire les tarifs.
Madagascar produit actuellement 400 MW d’électricité mais envisage de produire 300 MW en hydraulique cette année et de « doubler – voire tripler – la capacité de production énergétique d’ici cinq ans ». Pour Andry Rajoelina, l’énergie est « un enjeu prioritaire afin de sortir les Malgaches de l’obscurité ». À cet effet, il invite les Mauriciens à venir investir dans l’économie verte à Madagascar, notamment dans l’éthanol et l’éolien.
Autres priorités du président malgache : restaurer la confiance dans les institutions publiques, l’éducation et la formation professionnelle, afin de développer le capital humain. Il annonce ainsi que le gouvernement malgache compte créer de nombreux centres de formation. Et d’ajouter : « La transformation de Madagascar est en train de s’opérer. À nous d’oser l’aventure. »
Il a aussi lancé un appel aux investisseurs mauriciens pour venir développer le secteur touristique malgache. « Grâce à une offre diversifiée, nous voulons franchir le cap des 800 000 touristes, contre 300 000 actuellement. Nous avons les moyens de relever ce pays et nous visons la construction de dix hôtels 5 étoiles en cinq ans. Nous voulons un tourisme de prestige et nous vous invitons à accompagner cette vision. Nous faciliterons vos investissements. »
Andry Rajoelina souligne que Madagascar vise l’autosuffisance alimentaire et veut produire 500 000 tonnes de riz avant 2024, et ce afin d’en exporter dans l’océan Indien. Il indique que son pays peut fournir des pommes de terre, des oignons et des grains secs à Maurice, ajoutant : « Donc, pourquoi chercher si loin ce que vous pouvez trouver si près de chez vous ? » Le président malgache a aussi parlé de l’or, arguant qu’il est « inconcevable que l’Afrique soit le premier exportateur mondial d’or alors qu’on n’a pas de réserves en or dans nos banques centrales ». Ainsi rappelle-t-il, selon des spécialistes, Madagascar peut produire 50 tonnes d’or par an.
L’invité de marque de célébrations du 12 mars s’est réjoui que Maurice soit le deuxième investisseur dans son pays. Il a ainsi dit constater un « élan neuf dans les relations entre nos deux pays ». Aux capitaines d’industrie présents dans la salle de conférences de l’hôtel Westin, il a lancé : « Vous serez toujours les bienvenus à Madagascar. Venez nombreux ! Je forme le vœu que les années à venir soient exaltantes et riches en succès pour nos deux pays. Notre coopération est sur les rails, avec à sa tête un TGV ! »
De son côté, le ministre mauricien des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, a indiqué qu’en à peine quelques semaines de pouvoir, « vous avez montré que Madagascar est en train de changer en profondeur ». Il a insisté sur la nécessité d’une coopération régionale renforcée : « Pourquoi parler de croissance si notre région ne peut pas s’intégrer ? Il y a trop de choses qui nous unissent pour que nous ne travaillions pas ensemble. » Et d’ajouter que Maurice « n’est qu’un caillou » et a besoin de « son grand frère ».
Vishnu Lutchmeenaraidoo a également mis l’accent sur la nécessité d’assouplir les conditions d’entrée dans nos deux pays. « Il est temps que les Mauriciens et les Malgaches puissent circuler librement. Ce sont des conditions de base pour réussir ce qui nous attend demain. » Commentant la situation à Maurice, le ministre des Affaires étrangères a souligné que le pays est « pris dans le piège du revenu moyen, et tant qu’on est à 3% de croissance, on est condamné à en rester là ».
Son homologue malgache, Naina Andriantsitohaina, a insisté sur la politique de “zéro tolérance” en matière de lutte contre la corruption, car « nous voulons restaurer la confiance ». Et de terminer : « Je lance un appel aux hommes d’affaires mauriciens pour accompagner cette dynamique retrouvée. »