Faisant fi du jugement sévère des juges Teeluck et Bellepeau dans l’affaire, opposant bookmakers off-course et la Gambling Regulatory Authority (GRA)— traité de « Irregular, irrational, unreasonable » et de faire preuve de manque de transparence — est une honte inqualifiable pour une institution d’Etat— continue sa croisade, pour empêcher à ce que ces bookmakers ne puissent opérer, hors du Champ de Mars.
Le désaveu de leurs propres défenseurs en cour qui se sont retirés de cette affaire, qualifiée d’embarrassante car sans fondement légal et causal, n’était apparemment pas suffisant pour calmer leur mission kamikaze. Il leur a, cette fois, fallu des critiques et commentaires sans équivoque d’un chef juge de la Cour suprême, à l’encontre de leur nouvel homme de loi, Ravi Yerrigadoo— un repêché de la dernière heure, après sa démission forcée comme ministre, pour une histoire liée au gaming— pour se rendre encore plus ridicule. « Is the GRA becoming the GRA again. It seems like a gross ridiculous action from the GRA again » devait dire en substance le chef juge Balancy qui a aussi demandé à la GRA, de ne pas rentrer dans des débats frivoles. À moins d’un coup de génie de Me Yerrigadoo, on ne voit pas ce qui peut épargner la GRA, d’un nouveau revers légal, sur la base des arguments avancés jusqu’ici.
Tout cet acharnement légal de la GRA a pour but de laisser le terrain libre à travers l’île, à une compagnie de gaming et de betting, à qui la GRA a donné des permis express pour opérer aussi tôt que possible, leurs activités de machines à sous à paiement limité à travers l’île. Cette compagnie fait partie d’une galaxie d’entités de jeux et de paris variés dont les tentacules se faufilent dans nos villes et nos campagnes alors qu’au même moment toute la concurrence subit les courroux de la GRA : allant de la non-délivrance de permis jusqu’à la limitation de leurs officines, sans explication, si ce n’est celle bateau et mensongère de ne pas faire Maurice devenir une nation zougadère.
La vérité c’est que le “zougaderisme” n’a jamais été aussi puissant dans notre île, avec la multiplication des ‘outlets’ de cette compagnie proche du pouvoir actuel et qui sera appelé sous peu, à faire preuve de sa grande générosité lors des prochaines législatives.
Même si elle fait le dos, les jugements sévères de la Cour suprême vis-à-vis de la GRA rejaillissent au premier chef sur l’institution la plus dévaluée de l’Etat mauricien, mais aussi du triumvirat qui contrôle et gère cet organisme. D’abord, Dev Bheekary, conseiller du PM et du Mentor, mais aussi très impliqué dans la mise en chantier du Metro Express, le président OM Dabiddin, un PS que l’affaire Medpoint a révélé au grand public et, Mme Ringadoo, la CEO qui vient de nulle part, mais qui a réussi à se faire un nom, et ce n’est pas une mince affaire dans un monde aussi macho, mais au final, elle laisse l’industrie sur sa faim.
C’est un secret de polichinelle que le véritable patron de la GRA est l’incontournable Dev Bheekary qui veut avoir la mainmise sur l’hippisme mauricien, en mettant au pas le MTC, et s’assurer, à ce que le monde du pari, soit contrôlé par l’un des proches du pouvoir. Puis, il y a OM Dabiddin, un président non-confirmé, devenu l’alter ego de son vrai chef pour espérer sauver son strapontin, un fonctionnaire type dont l’expérience des rouages de l’Etat lui confère la mission de veiller à l’exécution des ordres, venus d’en haut, soit exécuté et qu’elle devienne conforme aux lois et régulations en vigueur. Enfin, il y a Mme Ringadoo, l’énigmatique, qui alterne le bon et le moins bon. Evidemment, dans le contexte de la GRA Act, ses pouvoirs réels sont limités à n’être que le ‘rubber stamp’, des décisions de son board.
La CEO a bien tenté de donner une image moins dictatoriale à son institution, mais elle reste dans l’opinion, l’exécutrice en chef des décisions indignes de la GRA. Assurément, sous son impulsion—avec la bénédiction de ses chefs (?)— la GRA a décrispé ses relations avec la majorité des stakesholders, même ceux qui en sont les victimes systématiques de brimade, d’obstruction etc … . A aussi été mis en place, avec un certain succès, un système de contrôle des paris dont les informations les plus sensibles sont adressées aux stipes en direct le jour des courses, une politique anti-dopage, hors compétition probante qui a permis de mettre en relief plusieurs cas de doping et la contamination des aliments, et d’autres projets novateurs comme le ‘cashless betting’ et l’organisme d’appel des décisions du MTC. Enfin, le point d’orgue est le recrutement du Britannique Paul Bebee, comme Head of Integrity et, le moins que l’on puisse dire, c’est que le Britannique inspire le respect et inquiète les contrevenants. Son enquête sur la contamination des aliments des chevaux, son expertise lors des enquêtes et ses descentes de lieux inopinés sur le terrain, comme celle de mercredi dernier, à Floréal est unanimement salué.
Comme quoi la GRA— de son triumvirat– est capable du meilleur mais elle marque surtout les esprits par le plus mauvais. L’incompétence hippique de ses plus hauts cadres est patente, l’abus de pouvoir permanent qui pervertit la finalité des courses est permanente et, surtout la politique de copinage qu’elle est justement censée barrer est permanente. Un peu comme ces policiers qui se meuvent en voleurs.
Ces désaveux de la GRA, venant des dernières institutions qui osent encore dire non au pouvoir central, le Cour Suprême et son chef juge, sonnent fort dans l’opinion publique et dépassent largement l’institution GRA et ses hommes et femmes. Elle touche au cœur le ministère de tutelle, les finances et le Prime minister’s office. Il est temps pour le PM de se démarquer des outrances de la GRA et de rappeler à l’ordre ses leaders. Après le dernier jugement de la cour, c’est un ‘marching order’ généralisé qui aurait dû avoir touché le board et le management. Que rien n’ait été fait, démontre qu’il y a un gros malaise, au sein de la GRA et que tout cela finira par éclater au grand jour…avec ou sans commission !
Et de malaise, il y en a aussi au MTC, après la visite précipitée de son board, excepté Franzo Merven, à Chamarel pour voir les infrastructures équines de Gilbert Merven. L’ex-président honni garde une influence certaine au sein du MTC, au point d’avoir parrainé en souterrain certains récents élus et cela est plutôt malsain pour une équipe qui prônait la rupture avec le passé et qui parle de renouveau et de modernité. La possibilité que l’étape de Chamarel ouvre certaines portes fermées, a dû exciter les plus carriéristes de ce conseil d’administration du MTC, ceux qui sont plus importants que le club, mais il s’agit là d’un faux pas magistral. Un faux pas que la majorité des entraîneurs n’entendent pas faire à ce stade, car ils n’ont pas répondu favorablement à la demande faite à la toute nouvelle association des entraîneurs de faire le déplacement à Chamarel. Un premier couac pour cette association qui devra faire preuve de plus d’indépendance, si elle veut durer.
En tout cas, Chamarel n’a pas dit son dernier mot et compte bien revenir à la charge. Il ne faudra pas s’étonner que la GRA soit aussi sur la liste des invités bientôt, car des amis communs pourraient aussi influencer cette course improbable, mais pas impossible. Car l’hippisme mauricien cultive l’art de faire l’impossible une réalité… comme ses courses.
Bernard Delaître