Il y a une vingtaine d’années, elle était l’un des mannequins incontournables de la scène mauricienne. Devenue mère, elle s’est offert une pause de 12 ans avant de décider de revenir, forte de sa maturité et des expériences acquises. Chez Arminda Landinaff, la sexy attitude est une manière d’être qui défie le temps.
Les réflexes exigés pour une séance photos ne l’ont jamais quittée. Un léger maquillage pour laisser s’exprimer ses yeux verts, une robe colorée afin de garder un ton estival. Prenant place sur le fond blanc installé sur sa terrasse, elle retrouve d’instinct ses automatismes de mannequin. Le regard tantôt évasif, tantôt franc, le visage est tour à tour fermé et expressif. Sur ce coup, elle a décidé de laisser faire le côté naturel.
Une absence de douze ans.
Pour parler d’elle, on mettra de côté cette dimension hyperchic affichée dans certaines publications locales et internationales. Elle ne sera non plus extravagante, comme elle l’a été pour quelques créations de mode. Arminda, le prénom, a longtemps circulé dans le giron, où il a été associé à un style nettement plus osé lorsque, il y a vingt ans, le domaine du mannequinat se réinventait à Maurice. Celle qui nous reçoit ce matin a participé à cette révolution où l’on sortait de la boîte dans un genre plus décontracté et osé. Les nombreuses coupures de presse, photos et autres matériels publicitaires gardés dans son press-book rappellent qu’en ce temps, elle n’avait pas froid aux yeux… Pas très froid d’ailleurs lorsqu’il s’agissait de montrer des créations de lingerie fine ou des tenues sexy. Arminda était souvent citée dans la presse et dans les shows, et elle a collaboré avec les principales agences de mannequin du pays à différents moments.
“C’est comme faire du vélo, cela ne s’oublie pas”, précise-t-elle à Scope avant le début de la séance photos. En effet, elle n’a rien oublié des principes de base devant l’objectif ou sur le catwalk, malgré une pause de douze années. Période durant laquelle elle a préféré se consacrer à sa vie de famille et à ses enfants. Il y a trois ans, avec des changements importants intervenant dans sa vie, Arminda se voit proposer l’occasion de revenir. Elle ne s’est pas fait prier pour retrouver les plaisirs de la scène et des défilés. “Pendant douze ans, je suis restée dans mon rôle de maman. Durant cette période, la scène m’a beaucoup manqué. J’ai pris mon mal en patience. Après mon divorce, je me suis rattrapée dès le premier projet qui m’a été présenté.”
Se conserver pour son métier.
C’est ainsi qu’elle a été, entre autres, dans l’un des spectacles du make-up artist Cédric Lanappe. “Défiler, c’est quelque chose que je maîtrise bien. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de faire des répétitions et de grands préparatifs pour un show. Je me présente simplement à l’heure, j’écoute les consignes et j’y vais naturellement quand c’est mon tour de passer.” Quand les yeux se tournent vers elle et que les flashs crépitent sur son passage, Arminda se retrouve dans son élément : “Avant d’y aller, j’ai comme une grosse pression. Mais elle se dissipe aussitôt que je commence à marcher. Je me sens alors comme sur un grand nuage, où tout va pour le mieux. Même s’il y a un couac, avec l’expérience, je sais comment me rattraper sans que le public ne le remarque.”
Malgré les années, le mannequin a su se conserver pour son métier. Les critères physiques sont toujours là. Arminda sait toujours mettre de l’avant ses atouts et trouver la bonne attitude. Ce à quoi s’ajoutent désormais sa maturité et son expérience. Les propositions lui parviennent régulièrement. Consciente d’être arrivée à une autre étape de sa vie, elle préfère accompagner les nouveaux talents qui émergent. “On peut être mannequin de 2 à 99 ans, comme on dit. Je continue dans ce que je fais puisque j’aime. Mais je préfère me consacrer à des séances photos plutôt qu’aux défilés. Ce n’est plus pour moi.”
Vivre ses rêves.
L’histoire d’Arminda, c’est quelque part une autre version du conte de Cendrillon. “Sauf que moi, je n’étais pas dans les cendres, mais dans une prison dorée”, raconte-t-elle. Ses parents étant séparés, elle a vécu dans un premier temps chez son père, où rien ne manquait matériellement. “Mais en tant que fille, il n’y avait pas grand-chose qu’on me laissait faire. Cela comprenait aussi la scolarité.” Lorsque ses rêves et ses ambitions ont commencé à prendre forme dans sa tête, Arminda se révolte contre le système où elle est cloîtrée et fugue pour aller vivre chez sa mère, dont les conditions matérielles sont moins envieuses. “Mais chez elle, j’avais la liberté de vivre mes rêves.” Les petits défilés improvisés devant les siens dans les vêtements de sa mère la mettent à l’aise, jusqu’à la convaincre qu’elle pourrait un jour devenir mannequin.
Les circonstances et des contacts parfois inopinés lui ont permis d’aller vers ses ambitions. Mais en ces temps, les préjugés étaient encore tenaces. “Au début, les regards négatifs des gens me pesaient. Mais j’ai fini par apprendre à ne pas me casser la tête pour me concentrer sur ce que j’aimais faire. Mes frères étaient eux aussi contre ma démarche, mais quand ils ont vu que je persévérais et que les choses allaient bien pour moi, ils m’ont soutenue.”
Sa rencontre avec le styliste Richard Favory l’a conduite dans une autre dimension. Arminda a été l’un des mannequins fétiches de ce créateur/décorateur, connu pour ses œuvres extravagantes. Ensemble, ils ont aussi présenté des spectacles à l’étranger. C’est aussi avec son soutien qu’elle a remporté l’une des éditions de Miss Sexy Eyes.
Après la robe à fleurs, une chemise bleue, et toujours la même aisance devant la caméra. Malgré les années passées et le retrait de la scène, son charme de mannequin reste intact, de même que sa sexy attitude.