J’écoute mais je n’entends pas. Aurais-je besoin de sonotone comme ceux faisant semblant de ne pas ouïr les récriminations du peuple ? Le peuple ? Vous savez, cette masse informe qui grossit les foules des meetings. Cette foule amusée dans les bus affrétés par des députables. Ceux qui peut-être contribuent aussi aux caisses du parti et autres coffres…
En passant, est-ce que la bouffe offerte est une forme de corruption ? Est-ce qu’accepter ladite mangeaille équivaut à brader sa conscience contre enn lasiet manze ek inpe bwar ? Questions à poser avec des pincettes aux supporters des partis. Après tout, ce ne sont que des fans cherchant à exorciser un manque de loisirs. Dans l’expectative (pour certains) de gagn enn ti-plas pour leur progéniture ?
Notre Prince héritier ne baigne pas dans ce genre de bassesse de bas étage. Le Petit est d’une autre qualité. C’est autrement plus grandiose d’augmenter les salaires et les aides sociales en marge des consultations populaires. Ce fin politicien a compris que le Mauricien 2.0 est un être instruit et éduqué. On ne l’achète pas avec enn (ti) post dan gouvernma…
Dans un autre ordre d’idées, n’est-ce pas livrer ses données biométriques à Gougueule ou Houawai que de tripoter des téléphones à reconnaissance d’empreinte digitale ? Et je me garde de parler de reconnaissance faciale, vocale et de géolocalisation. Vous avez dit “société de surveillance ?” Nous parviendrions au régime policier dépeint par George Orwell.
Notez que les caméras sont déjà installées. À vous de jouer maintenant. Big brother is watching you. Youpi ! Vous êtes filmés à votre insu, comme une star de téléréalité. Et qui sait, peut-être serez-vous sponsorisé dans un télécrochet par une boîte soucieuse de se payer un coup de com’ ou une image “pro peuple”. Allô… mais allô quoi ?
Sinon, avez-vous remarqué qu’on ne télécharge plus la moindre appli sans qu’on cherche à accéder à votre carnet d’adresses, aux numéros de téléphone et mails de vos contacts, aux photos prises dans les lieux où vous avez traîné dimanche dernier. Fumistes et paranos se demandent si nous ne serions pas sur écoute, grâce à une manip’ secrète effectuée pour activer, à votre insu, le micro de votre inséparable smartphone ?
Dans la société anticipée par Orwell, la langue est constituée d’assemblages de mots et est soumise à une politique de réduction du vocabulaire. Le nombre de mots diminue sans arrêt. Ça ne vous rappelle rien ? Lol. Mdr. Au début du roman 1984, Orwell évoque la préparation d’un dictionnaire visant à éliminer tout mode de pensée et toutes les idées contraires au pouvoir. Les mots comportant peu de syllabes (afin d’être utilisés plus rapidement) sont conçus pour être prononcés sans réflexion. Nope !
Ceci afin d’anéantir les émotions et la connaissance intuitive des mots. En vue de rendre impossible l’expression et la formulation de pensées subversives. Il est certes possible de dire que les décisions du pouvoir sont mauvaises, mais ce sera impossible d’argumenter, le langage étant réduit à une fonction informative. Un appauvrissement planifié du vocabulaire, dont le but est d’hébéter le peuple pour mieux le contrôler.
En outre, le sens logique des mots est lui-même altéré. Un même mot peut avoir un sens élogieux s’il est appliqué à un membre du pouvoir; péjoratif s’il est appliqué à un ennemi du parti. Il devient donc impossible de l’utiliser pour dire du mal d’un membre du parti. La population est abreuvée de slogans creux. Genre enn sel lepep enn sel nasion et autres leitmotivs déclinés sur Prime’s Channel. L’unité dans la diversité. Dan linite nou avanse…
Et pendant ce temps, les émotions sont réduites à leur plus simple expression et sont exprimées à grand renfort d’icônes et d’abréviations : Tm bcp BB. Rdz FB. Asap. PS : gato-la ti bon ? Lol.