La sensation d’un piège refermé sur elle. Il est loin ce rêve de fonder une famille et d’élever son bébé dans le meilleur des mondes. Une vision devenue terne, sans éclat à ses yeux. Elle a dû se marier fissa dès que le test de grossesse s’est avéré positif… Pour sauver l’honneur de ses parents ? Une entrée brutale dans le monde adulte. Adieu enfance, pixidou et promenades l’après-midi jusqu’à la tabagie pour aste gato en compagnie de son “papidou”.
Elle a suivi son jeune mari et vit désormais sous le même toit que sa belle-mère (la mère du garçon). Le jeune époux n’ayant pas un emploi stable, c’est la maman qui assure les dépenses au supermarché comme au bazar, sans oublier les soins de sa bru “en voie de famille” (dire “enceinte” pour certains est toujours choquant). La belle-mère épargne ainsi au futur papa de prendre ses responsabilités.
Elle est une maman d’une quarantaine d’années qui, du jour au lendemain, s’est retrouvée jeune grand-mère, malgré elle. Elle avait d’autres projets pour son fiston chéri. Ce qui est fait étant déjà fait, elle se charge tant bien que mal du foyer, et de “celle qui a gâché le bel avenir promis à son garçon adoré”. Et, neuf mois plus tard, ce qui devait arriver arriva.
La nouvelle jeune maman s’occupe avec soin du nourrisson et se charge des tâches ménagères lorsque les autres sont au boulot. Ce n’est pas de cette vie-là dont elle avait rêvé, mais un accident est si vite arrivé dans le feu de l’action. Ce n’est pas la première ni la dernière fois que ce genre d’histoire est arrivé à une jeune fille folle amoureuse. L’amour nous rend aveugle par moments et nous perdons la raison. Dil to pagal hai…
Une année plus tard. Assise sur une chaise, elle regarde tendrement dormir son bout de chou dans un berceau d’hôpital. Pas de lit prévu pour les mamans; elle passera la nuit sur sa chaise. Il dort à poings fermés, mignon comme un ange, mais ce genre de moment de félicité ne dure jamais trop longtemps. Elle ne compte plus ses multiples réveils en sursaut au beau milieu des nuits ensommeillées. Faut se montrer forte et assumer sa part des choses. Sauf qu’au fond d’elle-même…
Elle veut rentrer à lakaz mama. Elle se sent toute seule dans ce grand hôpital. Si seulement elle pouvait revenir en arrière… Si seulement sa maman n’essayait pas à tous les coups d’éviter le sujet de la sexualité, croyant que ce mutisme découragerait sa “fifille” d’aller avec les ti-garson, elle n’en serait peut-être pas là aujourd’hui. Mais à quoi bon rejeter la faute aux autres ? Avoir envie d’avoir de relations sexuelles est naturel et inévitable lorsque les hormones sont en ébullition.
Susciter la réflexion à ce sujet est, à mon humble avis, un devoir quasi civique. Garder un silence gêné à ce propos est souvent lourd de conséquences. Mes bien chers ti kamwad lekol, si personne ne vous le dit, croyez bien que porter une capote ou exiger que son partenaire en porte est essentiel. Certes, le taux de natalité du pays serait en berne, mais ce n’est pas une raison (il en faut beaucoup plus pour peupler cette île). Cela dit, si vous voulez inverser la courbe de la décroissance démographique…
Or, j’ai cru comprendre que nombre de nos vaillants jeunes hommes seraient dans l’incapacité de procréer. Non pas que ces virils jeunes hommes soient impuissants. Pas de souci à ce niveau ! C’est au niveau de la qualité du sperme que le bât blesse. Jeans trop moulant ou nourriture dopée d’hormones et de pesticides… les raisons sont multiples. Vérifier la qualité du sperme s’avère nécessaire dans certains cas. C’est évidemment une autre chanson !
Et, pendant ce temps, flotte une impression étrange. Comme si nous perdions lentement et silencieusement notre souveraineté sur Agaléga. En fera-t-on une base militaire sous la houlette de la Grande Péninsule ? Il est plus que temps que l’honorable Pravind nous éclaire à ce sujet. Qui plus est, le secret d’État ne laisse rien présager de bien noble. On nous doit quelques explications !