Vishnu est parti…

Il n’aurait jamais dû revenir aux affaires. Et la postérité aurait probablement gardé de Vishnu l’image du Grand argentier par qui le miracle économique est arrivé. Il a préféré accompagner l’honorable Bonom lors du come-back de celui-ci en politique active, en vue des consultations populaires de décembre 2014. Après quoi, l’ancien ministre des Finances est apparu gênant aux yeux de certains jeunes loups.

Il sera ministre des Finances, mais sans le portefeuille des services financiers, qui échoira au grand Bhadain. Était-ce là un avant-goût des humiliations à venir ? Ce climat semble propre à la petitesse de notre classe politique. Ces messieurs et dames ne ratent pas une occasion de s’humilier les uns les autres. Quand ils n’envoient pas carrément les flics chez leurs adversaires.

Aussi existe-t-il d’autres formes d’humiliation.

Nombre de projets de l’ancien Grand argentier ne seront pas retenus. Il envisageait un grand port, de Pointe aux Sables à Baie du Tombeau, et avait déclaré la guerre à la nasion zougader. Sans doute est-ce cela la pierre d’achoppement, car la taxe perçue sur les jeux de hasard vaut de l’or ! Vishnu est esseulé au sein du gouvernement. Il est évincé du projet d’urbanisation de Highlands au profit de Bhadain.

Mars 2018. Vishnu est muté aux Affaires étrangères; le Bonom récupère le portefeuille des Finances, qui reviendra au final à Pravind. C’est à se demander si Vishnu n’avait été qu’un faire-valoir aux élections de 2014, accompagnant le retour du Bonom à la politique active. Et qui, une fois les élections remportées, est devenu gênant pour l’ascension du Petit ? Ce n’est qu’une question !

Ministre des Affaires étrangères semble un moyen pour mieux marginaliser Vishnu. Il est mis de côté et ne fait quasiment pas partie des missions officielles à l’étranger. Ces missions sont dirigées par le Premier ministre ou par le Mentor. C’est sans Vishnu que des visites d’État et autres visites officielles sont effectuées, notamment en Inde ou en Chine.

Idem pour le procès à la Cour internationale de Justice : Vishnu ne faisait pas partie de la délégation mauricienne à La Haye en vue de recouvrer notre souveraineté sur les Chagos. Il était pourtant ministre des Affaires étrangères, mais ce ne sera pas lui qui accompagnera le Bonom. Il serait intéressant que la population sache ce qui a motivé ce comportement et tant de petitesse ! N’avons-nous pas le droit de savoir ?

Ce n’est évidemment pas ce genre de comportement indigne d’un chef d’État (ou de gouvernement) qui encouragera la jeunesse à s’engager en politique. Il est dommage de constater que cette attitude semble monnaie courante dans la politique mauricienne. Une politique perfide où les amis d’aujourd’hui seront ceux qui, demain, vous planteront un couteau dans le dos. C’est de cet état d’esprit que la classe dirigeante devrait avoir honte.

Au lendemain de la fête nationale, dans un discours à Balaclava (en présence du Président malgache), Vishnu dira sa “honte” d’un taux de croissance de 3% de moyenne. Un véritable pavé lancé dans la mare de notre honorable Premier ministre. Même si Vishnu n’a pas fait mieux lors de son bref passage aux Finances, à en croire l’honorable Zaza, qui commentait la situation.

Vishnu est parti, exaspéré et non sans causer un certain fracas. Une élection partielle devra être organisée dans la circonscription no 7 (Piton/Rivière du Rempart), à moins que l’honorable Pravind ne décide de passer directement aux élections générales. Auquel cas nous devrions nous préparer à nouveau à assister au jeu des alliances, comme prévu par notre système électoral.

Rappelons que ledit système a été élaboré de manière à ce qu’une alliance ou une coalition soit nécessaire pour constituer une majorité, donc un gouvernement. Ceci afin que toutes les communautés soient représentées au Parlement. Et après, on viendra nous parler de mauricianisme. Enough is enough !

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