Faisant suite à la présentation de l’histoire de La Réforme (Week-End, dimanche 1er octobre 2017, p 68-69), nous vous proposons aujourd’hui une réflexion sur le sujet.
Le chrétien fait de l’Ecriture son autorité première en toute chose parce que la Parole de Dieu est la vérité (Jean 17.17). Les Réformateurs du XVIe siècle, sur la question primordiale de savoir comment une personne était acceptée par Dieu, découvrirent dans la Bible que cela n’était pas par les actes religieux ni par les bonnes oeuvres, mais uniquement par la foi en Christ. Ils appelèrent donc les gens à transférer leur confiance pour le salut des traditions religieuses de l’Eglise à Christ seul. Le combat de Luther et de Calvin est toujours d’actualité vu le réel danger d’un recul des idéaux premiers de la Réforme. Dans la Déclaration de Cambridge (Alliance des Evangéliques Confessants, Massachusetts, 1996), une phrase nous interpelle : au fur et à mesure que l’autorité biblique se diluait en pratique, que les vérités scripturaires s’estompaient dans l’esprit des chrétiens et que les doctrines perdaient leur pointe, l’Eglise a progressivement été dépouillée de son authenticité, de son autorité morale et du sens de sa vocation.
En 1517, Dieu intervint par Martin Luther pour récupérer les vérités centrales de la Bible et pour ramener l’Eglise au coeur de l’Evangile. Aujourd’hui, l’Eglise a encore besoin d’être ramenée aux cinq doctrines bibliques importantes que les Réformateurs avaient résumées en cinq slogans simples, connus comme les cinq sola. Ils affirmaient que sur la base de l’Ecriture seule, le salut est par la grâce seule, au moyen de la foi seule, en Jésus-Christ seul, pour la gloire de Dieu seul.
L’Ecriture seule – Sola Scriptura
Les Réformateurs avaient la ferme conviction que la Bible seule enseigne tout ce qui est nécessaire au salut et à la vie chrétienne. L’autorité suprême et suffisante de la Bible provient du fait que toute Ecriture est theopneustos, inspirée de Dieu (2 Timothée 3.16 ; cf. 2 Pierre 1.20-21). Chaque idée, chaque pensée, chaque doctrine doit avoir son fondement dans l’Ecriture sainte pour porter le poids de l’autorité divine et lier la conscience humaine. Le faux prophète ou faux enseignant peut prétendre apporter une nouvelle lumière, mais si elle n’est pas soutenue par l’Ecriture, elle n’est pas lumière du tout. C’est la Bible qui apporte l’aurore pour le peuple (Esaïe 8.19-20).
Ainsi, à la seule lumière de la vérité de Dieu, nous pouvons nous comprendre et découvrir comment Dieu a pourvu à notre besoin. La Bible enseigne la dépravation totale de l’homme en ce que le péché a infiltré toutes les parties et toutes les facultés de son corps et de son âme. En conséquence, l’homme est mort spirituellement et impotent à obtenir le salut par lui-même. Il est incapable de se repentir par lui-même, de croire à l’Evangile et de venir à Christ pour être sauvé (Romains 3.10-18 ; Jérémie 17.9 ; Ephésiens 2.8-9). L’homme est dans une condition spirituelle désespérée de laquelle il ne peut échapper que par la seule grâce souveraine de Dieu !
La Grâce seule – Sola Gratia
L’homme religieux se réconforte avec l’idée que la grâce de Dieu est nécessaire. Cependant la question n’est pas la nécessité de la grâce, mais sa suffisance ! La grâce est-elle capable de sauver ou est-elle simplement une aide pour le salut avec la volonté de l’homme comme facteur décisif ? Les Réformateurs affirment que la grâce seule (sans addition ni mélange) sauve du début à la fin, pour que personne ne se glorifie. La grâce de Dieu rend une personne capable de croire. Dieu nous choisit, non parce que nous croyons, mais pour que nous croyons. C’est Dieu qui régénère et donne la foi (Jean 1.12-13 ; Actes 18.27 ; Romains 9.16 ; 11.6 ; 1 Corinthiens 1.30-31 ; Ephésiens 2.8-9 ; Philippiens 1.29).
La Foi seule – Sola Fide
C’est uniquement par l’oeuvre salvatrice du Christ que Dieu nous accepte. Notre justification ne se repose pas sur quelque mérite qui nous soit propre ou qui provienne d’une infusion en nous de la justice de Christ. L’Evangile déclare ce que Dieu a fait pour nous en Christ et non ce que nous pouvons faire pour nous approcher de Dieu. L’homme est justifié par la foi, sans les oeuvres de la loi. Nos oeuvres bonnes n’ont aucune part dans le salut gratuit de Dieu ; elles sont le fruit de ce salut (Romains 3.28 ; 4.4-5 ; 5.1 ; Galates 2.16 ; Ephésiens 2.8-10 ; Philippiens 3.9). Luther précise que la justification est l’article sur lequel l’Eglise se tient debout ou tombe.
Christ seul – Solus Christus
L’Ecriture déclare que le salut ne se trouve en aucun autre. Il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu, et les hommes, le Christ-Jésus homme (Actes 4.12 ; 1 Timothée 2.5). Christ est mort pour nos péchés. Il s’est substitué à nous en prenant notre place, Dieu lui imputant notre péché et nous imputant sa justice. Sa vie sans péché et l’expiation qu’il a endurée à notre place sont pleinement suffisantes pour assurer notre justification et notre réconciliation avec le Père. La punition qui nous est due est tombée sur lui et le plaisir de Dieu due à l’obéissance parfaite de Jésus nous est accordé (2 Corinthiens 5.21). Nous sommes justifiés par la grâce seule au moyen de la foi seule, en Christ seul.
A Dieu seul soit la Gloire – Soli Deo Gloria
Quand Dieu n’est plus au centre de la vie de l’Eglise, le culte se transforme en divertissement, la prédication de l’Evangile en opération de marketing, la foi en technique, l’éthique en « feeling good » et la fidélité en réussite. Quand nos intérêts passent avant ceux de Dieu, l’autorité de la Bible est perdue, le Christ n’est plus au centre, l’Evangile est déformé (Déclaration de Cambridge, 1996).
Dieu ne donne pas sa gloire à un autre (Esaïe 48.11). Son dessein dans le salut est de célébrer la gloire de sa grâce. Nous avons été élus, prédestinés, rachetés, mis à part, pour célébrer Sa gloire (Ephésiens 1.6, 12, 14). Nous sommes un peuple racheté afin d’annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (1 Pierre 2.9). Notre unique objectif dans l’Eglise est de glorifier Dieu seul !
Conclusion : La Réforme a récupéré les vérités fondamentales de la Bible et s’en tient fermement aux cinq sola, parce qu’ils sont vérités bibliques. Aujourd’hui, nous avons besoin de ces mêmes correctifs scripturaires pour l’Eglise. Beaucoup veulent entendre un message positif ou affirmatif en venant à l’Eglise. Ils ne veulent plus entendre la sainte majesté ni la sainte colère de Dieu envers le péché. Nous croyons que Dieu appelle son Eglise à revenir à la proclamation de ces doctrines centrales qui ont secoué le monde du XVIe siècle. Que Dieu envoie sa lumière et sa vérité pour nous guider (Psaume 43.3).
Enseigne-moi tes voies, Éternel ! Je marcherai dans ta vérité. Donne-moi un coeur tout simple, que je craigne ton nom (Psaume 86.11).
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IL Y A 500 ANS, LA RÉFORME (1517-2017) : Réflexion sur les 5 Sola de la Réforme
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