– Père Jean-Claude Veder, responsable de la messe: « C’est la fête du Père Laval et nous préparons une grande messe solennelle axée sur l’apôtre de l’unité »,
– Rodrigues à l’honneur avec le diocèse de Port-Louis confiant la confection de 400 paniers pour la distribution de la communion à des artisans de l’île
– L’indianocéanie intégrée à cette célébration avec des prières dans les langues des îles
Pendant que les autorités gouvernementales se concentrent principalement sur le dispositif de sécurité pour la visite du pape François durant la journée du 9 septembre, les responsables du comité diocésain s’activent à mettre au point l’organisation de la messe concélébrée au monument de Marie Reine de la Paix en fin de matinée. Cette célébration eucharistique, qui sera l’événement phare de cette visite, arborera un ton indianocéanique avec une participation active des diocèses membres de la Conférence épiscopale de l’océan Indien (CEDOI). Qu’en est-il du thème de ce rassemblement auquel sont attendues des dizaines de milliers de Mauriciens et d’habitants des îles ? « C’est la fête du Père Laval et toute la liturgie va dans cette direction. Ce sera une grande messe solennelle ! » souligne le père Jean-Claude Véder, responsable de cette célébration. Le diocèse de Port-Louis commémorera cette année le 155e anniversaire de la mort de celui surnommé “L’apôtre des Mauriciens”. La décision de Rome de canoniser le Père Laval, moment qu’attendent les Mauriciens, serait-elle proche ?
La maquette du déroulement de cette messe à Marie Reine de la Paix est déjà esquissée et le père Véder, avec ses proches collaborateurs, dispose de quatre mois pour concrétiser tous les aspects qui y figurent. « Les équipes engagées dans les différents volets de la préparation ont été constituées et connaissent chacune leurs responsabilités spécifiques. À présent, c’est la mise en œuvre du plan de la messe », dit-il. Le Père Laval sera le fil conducteur de cette célébration. « Il n’y a pas de meilleur thème que le Père Laval en ce 9 septembre. Toute la cérémonie sera centrée sur l’œuvre du Père Laval », répond le père Veder lorsqu’on l’interroge sur le thème choisi.
En cette année où le diocèse de Port-Louis commémorera le 155e anniversaire de la mort de celui qui rassemble chaque année des foules conséquentes d’hommes et de femmes, de différentes cultures et de religions, de nombreux Mauriciens attendent une réponse positive de Rome au sujet de la canonisation du Père Laval. Le père Bernard Hym, vice-postulateur de la cause de la canonisation du Père Laval, n’étant pas au pays, le secret du Vatican semble être bien gardé pour l’instant.
En attendant, des détails du contenu de cette célébration commencent à transpirer. Il s’agira d’un rassemblement avec une grande ouverture sur les îles de la région. « Il y aura une participation des îles. Par exemple, les intentions de prières seront dites dans les langues locales des îles », explique le père Véder. La célébration reflétera aussi les réalités mauriciennes. Il y a certaines règles à respecter dans le déroulement d’une messe et le plus gros morceau, pour le père Veder, sera d’harmoniser les différentes cultures à la demande du Vatican afin que la cérémonie soit priante et se déroule dans la ferveur. « Le plus important est que la foule ne soit pas simple spectatrice mais participe pleinement à la célébration », fait-il ressortir.
Le comité prévoit l’installation de cinq écrans géants afin de permettre au public de suivre et de participer activement à l’événement ce jour-là. L’harmonisation concerne également le vêtement liturgique que porteront ce jour-là les cardinaux, les évêques, les prêtres et les diacres. Généralement, cet habit est composé d’une aube, d’une chasuble et d’une étole, et ces trois pièces ce jour-là seront blanches. La chasuble et l’étole seront agrémentées de deux motifs de couleur légèrement dorée et de jaune, notamment une fleur de canne, qui cadre avec le contexte local, et une colombe, représentant la paix et symbolisant le Saint Esprit dans la religion catholique.
« Il y aura plus d’une centaine de vêtements liturgiques à confectionner pour habiller l’ensemble des prêtres et des concélébrants ce jour-là », dit encore le père Véder. Cette tâche a été confiée aux Sœurs Carmélites à Bonne-Terre et à un groupe de couturières. Les Sœurs Carmélites, qui se sont mises déjà à l’ouvrage, sont heureuses de pouvoir collaborer à cet événement, comme lors de la visite de Jean Paul II, en 1989. Elles étaient alors les seules à fournir ces vêtements et elles se souviennent avoir travaillé sans relâche pendant plusieurs semaines pour terminer une centaine d’aubes et autant d’étoles, en sus de 16 chasubles. Mais cette fois, elles confectionneront une partie seulement de cet habit.
Elles sont engagées dans seulement une soixantaine de pièces comprenant 20 aubes et le même nombre pour la chasuble et l’étole. Elles habilleront surtout les évêques, les cardinaux, et peut-être aussi François, car en 1989, elles avaient offert à Jean-Paul II sa chasuble, de couleur verte et avec une broderie représentant la fleur de canne. « C’est un grand événement pour l’Église à Maurice et pour le pays, et nous sommes contentes d’apporter notre contribution dans les préparatifs. En 1989, toutes les sœurs étaient mobilisées pour confectionner les vêtements et il y avait des tissus partout. Nous sommes moins stressées cette fois car nous n’aurons pas beaucoup de vêtements à faire », dit une des Sœurs Carmélites. Soulignons que le travail manuel fait partie de la vie des Carmélites. Outre les vêtements liturgiques, elles fabriquent des bougies et certains objets pieux.
Hormis les membres du clergé des différents diocèses de la région, les prêtres mauriciens se trouvant à l’extérieur, de même que les séminaristes mauriciens en formation en France, feraient le déplacement pour cette messe du 9 septembre en présence du pape. Toutefois, tous les prêtres, selon le père Veder, devront confirmer bien à l’avance leur participation, et ce en raison de la logistique. « Toutes les îles de la région sont concernées par ce rassemblement et on doit prévoir le nombre de places afin que tout le monde soit à l’aise. En plus de prévoir le nombre de vêtements liturgiques devant être confectionnés », explique le responsable de la messe.
Les responsables du comité diocésain avouent que le plus grand défi reste la sécurité du pape et celle de la foule sur le site de Marie Reine de la Paix, et c’était une des principales questions abordées en profondeur lors de la récente rencontre à Rome entre une délégation du diocèse de Port-Louis et des représentants du Vatican le mois dernier. François arrivera-t-il à Port-Louis par hélicoptère pour, ensuite, faire un bout de trajet jusqu’au monument Reine de la Paix en “Papamobile” ? Encore trop tôt pour le savoir…
400 paniers en vacoa par des mains rodriguaises
– Sœur Rosalyne : « Une revalorisation du travail
de l’artisan rodriguais »
Pour la distribution de la communion à la messe spéciale du 9 septembre, le comité organisateur a choisi de placer les hosties dans de petits paniers en vacoa, qui seront fabriqués chez nos amis rodriguais. On en aura besoin de pas moins de 400 paniers et la commande a été passée auprès d’une petite entreprise familiale située à Trèfles, et dont le travail est très apprécié dans l’île. « Il y aura une touche rodriguaise dans cette messe. Et c’est une grande joie et une grande fierté pour les Rodriguais », nous dit sœur Roselyne Larcher, membre de la Commission théologique et pastorale au sein de la CEDOI et responsable de la Pastorale des jeunes à Rodrigues. « C’est une valorisation du travail de l’artisan rodriguais, mais c’est aussi une valorisation de l’homme et de la femme rodriguais », ajoute-t-elle.
Selon cette dernière, Ton Azie, un visage connu à Rodrigues dans la fabrication de paniers, et qui dirige cette petite entreprise familiale, ne se contente pas, d’en faire son gagne-pain. « Il transmet aussi son savoir à la jeune génération en donnant du travail aux jeunes », dit-elle. Par ailleurs, selon Mgr Alain Harel, évêque du vicariat de Rodrigues, « il y aura un grand intérêt parmi les Rodriguais » pour être présent à cette messe du 9 septembre à Marie Reine de la Paix. « Dans plusieurs régions, beaucoup de personnes s’organisent pour venir à Maurice », dit-il au Mauricien. Il ajoute que plus d’un mois après l’annonce officielle de la visite papale par le cardinal Piat, des Rodriguais continuent de lui faire part de leur déception que le pape n’ait pas inclus Rodrigues dans son périple dans l’océan Indien. « J’ai beau leur dire que lors de ma visite à Rome, avec les autres évêques de la CEDOI, j’ai invité le pape à venir chez nous, mais que celui-ci avait un choix à faire, les Rodriguais sont encore très déçus », confie Mgr Harel.