Si un président d’un autre pays — en particulier du tiers monde — avait déclaré le quart de ce que Donald Trump a dit, vendredi dernier, il aurait été moqué, critiqué, mis au ban des dirigeants du club des démocrates, ou qui se présentent comme tels. Mais nous sommes en 2019, Donald Trump règne sur les Etats-Unis depuis plus de deux ans et ses déclarations, qui échappent à tout qualificatif, se multiplient. Elles reposent sur l’interprétation tout à fait personnelle que le président des Etats-Unis donne des faits, des évènements, des personnes et même des lois. Plus exactement de sa manière de les récupérer pour servir sa politique. Des journaux américains, complètement dépassés par le phénomène et ses agissements, ont recensé qu’en deux ans de pouvoir Donald Trump a publié sur les réseaux sociaux — qu’il utilise compulsivement, comme un adolescent — plus de 3 000 messages. Ce n’est pas le nombre de messages qui pose problème, encore qu’on pourrait se demander quel temps il reste à Trump pour diriger les Etats-Unis, étudier les dossiers et prendre des décisions après celui passé à tweeter.
Non, ce qui pose problème, c’est que plus de 2 000 de ses messages sont, sinon des mensonges, tout au moins des affirmations qui ne reposent que sur ses impressions et ses interprétations des faits. Bref, selon certains médias américains, leur président ment autant qu’il poste des messages sur le Net ! Le comportement de Donald Trump, que les dirigeants du monde entier semblent, sinon accepter, tout au moins tolérer, prouve qu’effectivement nous sommes arrivés à la fin d’une époque où l’on dirigeait les pays selon un code suivi par tous les régimes dits démocrates dans lesquels le respect des lois primait sur le reste.
Ceux qui ne respectaient pas cette manière de faire étaient rangés dans la catégorie des dictateurs des républiques bananières et considérés comme l’exception qui confirme la règle. Aujourd’hui, avec Donald Trump, l’exception est devenue la règle. Il veut son mur avec le Mexique. La majorité démocrate au Congrès refuse de lui voter le crédit nécessaire? Qu’à cela ne tienne, il va déclencher une procédure d’urgence pour disposer de crédits pour faire construire « son » mur. Au risque de paralyser une fois encore l’administration américaine.
Donald Trump, ne respectant ni lois ni règles établies ou les interprétant selon les besoins de sa stratégie personnelle, semble faire des émules et le meilleur exemple ne peut être que l’actuelle Première ministre de la Grande-Bretagne. Depuis quelque temps déjà, on avait remarqué un comportement surprenant chez la Première ministre britannique qui avait culminé avec le dernier congrès des conservateurs. Pour faire son entrée dans la salle, Theresa May avait choisi comme musique d’accompagnement « Dancing Queen », le tube du groupe Abba, sur lequel elle avait tenté d’esquisser des pas de danse. Ces sautillements ont contribué à la ridiculiser sur toutes les chaînes de télévision du monde entier, repassant en boucle sa « chorégraphie » ! Non contente de cet « exploit », la Première ministre s’est lancée dans un « move » politique que personne n’a encore compris. En dépit de tout bon sens — et des accords longuement négociés depuis des mois avec l’Union européenne — Mme Theresa May a décidé de demander au Parlement britannique de lui faire confiance pour renégocier les accords. Le parti conservateur, qui détient la majorité au Parlement, la lui a accordée. Comme Donald Trump, Theresa May semble avoir décidé que son interprétation des faits et sa politique priment sur la réalité, que l’accord auquel sont arrivés les pays de l’Union pour la sortie de la Grande-Bretagne de la communauté européenne et qui va entrer en vigueur à la fin du mois de mars doit être renégocié à ses conditions. Une prolongation du fait que les conservateurs ont demandé et obtenu des Anglais qu’ils votent pour le Brexit en étant persuadés qu’ils allaient voter contre !
Avec Donald Trump, qui est prêt à tout pour faire construire son mur, et Theresa May, capable jusqu’à aller danser pour obtenir son accord personnel reniant celui auquel son pays et les dirigeants de l’Union européenne étaient parvenus, quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? Et nous n’avons pas abordé les « politiques » des dirigeants russes, hongrois, saoudiens, turcs et italiens, vénézuéliens, syriens, espagnols et israéliens, entre autres
Jean-Claude Antoine