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Et dur est le réveil

Après le champagne et les petits fours de la célébration du 25 février, retour à la réalité. Et qu’il est dur le réveil! Des travailleuses du textile licenciées et sans le sou qui manifestent le jour même de l’observance des Droits de la femme, un triste spectacle qui a réveillé toute une population à qui on a fini par faire croire que tout est possible, qu’il suffisait de claquer des doigts pour obtenir quelque chose et même ce que personne n’a demandé.

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Aujourd’hui, les salariés paniqués quant à leur avenir immédiat incertain, alors qu’ils sont comme tous les Mauriciens obligés de payer leur loyer, les dettes contractées pour s’offrir un peu de confort, cherchent un recours du côté du gouvernement. Les femmes étaient en première ligne pour manifester jeudi, pour essayer de trouver un mot de réconfort auprès du Premier ministre.

Elles étaient devant le Bâtiment du Trésor, mais n’ont pas été reçues. Qu’est-ce que cela aurait coûté d’accorder quelques minutes d’écoute à un groupe de femmes, leur expliquer ce qui est possible et ce qui ne l’est pas ? Et ça va se présenter juste après comme le champion de la cause féminine !

Et on ne peut blâmer ces femmes qui croient que le gouvernement peut tout faire et qu’il peut les sortir de l’impasse, ne serait-ce que temporairement. On a entendu ici et là des cris d’orfraie à la perspective que ce soit les contribuables qui aillent à la rescousse de ces malheureux employés à la place des grands et méchants patrons sans coeur du secteur manufacturier.

Pourquoi tant d’agitations ? Ceux qui s’époumonent inutilement ne savent-ils pas que le contribuable paie déjà à quelques 82, 000 personnes une somme de près de Rs 300 millions comme supplément de salaire pour arriver au chiffre du salaire minimum ? C’est ce qu’on appelle la Negative Income Tax et c’est le collecteur de nos impôts, la Mauritius Revenue Authority qui s’en charge. On pourrait aussi ajouter les Rs 9 milliards injectées pour renflouer la folle expédition du démantèlement de la BAI.

Qu’est-ce qu’on a vu depuis 2014 ? Parce que Lepep a obtenu une victoire de circonstance, parce que Pravind Jugnauth a été installé à la tête du gouvernement par son père, il a fallu en permanence amadouer, rassurer et essayer de se faire accepter à défaut de se faire aimer. Acheter l’adhésion a été la plus grande des priorités dès le lendemain du scrutin, même si les dividendes n’ont pas été visibles comme en témoigne la forfaiture notée à la partielle du No 18.

Et cela s’est traduit par une stratégie populiste. Donner et donner encore et toujours, voilà où mène la démagogie politique, le bribe permanent, la surenchère qui consiste à faire toujours plus que l’autre en termes de cadeaux et de gratuité, ce qui devrait être le cas avec le prochain et dernier budget de l’actuelle mandature, au lieu d’oeuvrer pour ce qui est durable, soutenable, juste et pérenne. Qui ne sent pas déjà les effets pervers d’un ralentissement de l’économie ? Il n’y a qu’à discuter avec les opérateurs pour savoir qu’ils ne sont pas du tout nombreux à être optimistes.

Le textile à l’ancienne est en sursis, le sucre est en situation de mort clinique, les services financiers sont contrariés par les changements de régime fiscal, le tourisme est menacé et lourdement endetté pendant que l’on donne des permis de construire comme au bon vieux temps, tandis que le visiteur, très conscient des effets du changement climatique, recherche désormais une forme plus naturelle du dépaysement et surtout plus respectueuse de la planète.

Il n’y a que la construction qui progresse, portée à bout de bras par les chantiers publics, Metro Express, programme de décongestion routière et les projets immobiliers destinés aux étrangers, ce qui n’est pas sans risque de créer un sentiment d’exclusion et d’aliénation et qui à terme pourrait constituer une menace pour la sécurité des visiteurs ou résidents dits permanents.

Oui, certains patrons sont irresponsables et trop friands de cylindrées à portes-papillon et autres extravagances, au point d’essayer, honteusement, de contourner les règlements. Oui, il y a des récidivistes dans le secteur textile qui auraient mérité qu’ils soient mis à l’ombre pour ne pas être en mesure de recommencer. A ce chapitre, ceux qui nous dirigent aujourd’hui et ceux qui l’ont fait hier peuvent être logés à la même enseigne.
C’est un gouvernement MSM/PTr/PMSD post-83 qui avait modifié le Code Napoléon pour renverser la priorité des créances en cas de liquidation d’une entreprise pour la restituer aux banques, après qu’il eut été modifié en faveur des salariés en 82.

C’est un gouvernement PTr/PMSD qui avait piloté les nouvelles lois du travail, avec, au démarrage Vasant Bunwaree et, à l’arrivée, Jean-François Chaumière, aujourd’hui conseiller de Pravind Jugnauth. Et on nous annonce, depuis bientôt cinq ans, une révision de ces textes. On ne voit rien venir et encore moins du côté de la Portable Pension and Severance Allowance, ce qui aurait laissé un peu de répit à ceux qui, en cours de route, sont contraints de changer d’employeur.

On se souvient aussi du fameux Additional Stimulus Package de 2009 qui avait bénéficié, avec le support actif d’Entreprsie Mauritius d’Amédée Darga, en priorité aux amis du pouvoir d’alors, à Ram Mardemootoo, un backbencher travailliste, celui-là même qui est à la tête de Future Textile sans futur aucun et Jean Suzanne, qui, alors qu’il était le conseiller de Navin Ramgoolam, avait lui aussi obtenu des millions pour renflouer son Infinity qui a néanmoins crashé peu de temps après. C’est dire que ceux qui se font passer pour plus blancs que neige gagneraient à faire un peu d’introspection.

Le gouvernement est, en ce moment, d’autant plus très mal placé pour faire la leçon au privé. Lorsque tout ce qui était jadis des fleurons du savoir-faire public affiche des performances médiocres, il n’y a pas lieu de pavoiser. Il n’y a qu’à prendre quelques exemples comme Air Mauritius, la State Bank, la State Investment Corporation et la National Insurance Company. Il vaut mieux s’arrêter là.

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