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Gaiqui sans hashtag

Dans quelques jours, l’affaire David Gaiqui ne sera plus d’actualité pour la population. Il en sera ainsi puisque chaque semaine, voire chaque jour apporte son lot “d’affaires”. Qu’importe qui est David Gaiqui. Le soir où cet homme s’est retrouvé nu et enchaîné face à des policiers qui pensaient avoir à ce moment-là une suprématie sur lui, David Gaiqui était alors un être humain humilié dans sa chair et anéanti dans sa tête. Nul sinon lui-même ne pourra expliquer cette souffrance encore plus insoutenable lorsqu’elle est infligée par ceux qui sont censés représenter et défendre la paix, la loi et la sécurité. Il a été écrit ces derniers jours que l’opinion a été choquée par la photo de David Gaiqui. Cette photo, celle d’un homme vulnérable, est tellement parlante. En la regardant, l’on ne peut que trop bien comprendre à quel point la photo prise par l’avocat Anoup Goodary peut choquer et bouleverser les esprits. Encore heureux que ce cliché ait été diffusé, il a mis au grand jour une pratique barbare qui est loin de remonter qu’au 27 janvier 2018.

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Mais fait surprenant dans cette affaire de brutalité policière, l’opinion choquée n’a pas osé franchir une ligne. Personne n’a lancé de hashtag, invité à une manifestation pacifique, fait de vidéo, créé une page ou un groupe sur Facebook et encore. Il est sans doute plus confortable, tendance et moins risquant de défendre d’autres causes, qui doivent néanmoins être défendues, que de demander à la police de faire honneur à son uniforme. L’opinion est peut-être blasée. Elle sait qu’il y a des brebis galeuses — l’Attorney General, Maneesh Gobin, le disait hier encore — dans la police prêtes à donner des coups et que ça ne changera pas du jour au lendemain. L’opinion a en tête une police qui attise la peur, le mépris, plus qu’elle n’inspire la confiance. Une police qui tutoie quand elle interpelle

David Gaiqui n’aura pas connu un élan de solidarité démonstratif. Ce sont les mêmes voix qui s’étaient fait entendre dans les précédents cas de brutalité policière qui se sont à nouveau exprimées. Depuis, les avocats de David Gaiqui ont lancé une association pour veiller au respect des droits humains. Si cette association perdure et relève ses objectifs, elle pourrait donner plus d’espoir à des victimes que la National Human Rights Commission. Car, malgré l’effort de l’Attorney General, qui a lui-même reconnu que des policiers zélés ont été loin, pour que la population garde confiance dans les institutions de l’État qui enquêtent sur cette affaire et promis la présentation du Police and Criminal Justice Bill en mars-avril, il sera difficile de croire que David Gaiqui sera le dernier homme après d’autres cas de brutalité avérés et reconnus par la cour — notamment celui (il y a 14 ans aujourd’hui) de notre collègue Jacques Achille, rédacteur en chef de Scope — à subir la violence des brebis galeuses de la police. Dans le cas de Jacques Achille, un des accusés a même gagné en grade. Allez dire à une population et des familles qui attendent toujours la vérité sur la mort d’Iqbal Toofany, d’Anand Kumar Ramdhony, d’Eddy Labrosse en cellule qu’un transfert et non une suspension est une “action” quasiment punitive.

Même si elle est restée moins volubile que d’habitude et a préféré ne pas attacher de #au nom de Gaiqui, il est certain que l’opinion en a assez de certains de ces policiers qui se croient tout permis parce qu’il confondent autorité et brutalité.

 

 

 

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