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La malchance de Pravind Jugnauth

On l’a dit et répété : Pravind Jugnauth n’a pas beaucoup de charisme. Il est vrai que pour pouvoir exister entre un père et une mère comme les siens, qui ont du charisme à en revendre, il faut avoir autre chose que le nom de famille pour impressionner. On a beau lui avoir fait changer de coiffure, redressé la denture, l’avoir fait passer pour un sportif accompli en le poussant sur une tyrolienne, ça ne passe pas. On pensait que, comme l’habit fait le moine, le poste de Premier ministre transmis par son père finirait, à l’usure, par lui fournir l’étoffe de la fonction: ce n’est pas le cas. Cela fait presque un an qu’il est devenu Premier ministre et cela fait autant de temps qu’on essaye de lui donner une posture martiale, un air de chef mais, malheureusement, ça ne passe pas. Moins à cause de son image qu’il n’arrive toujours pas à imposer qu’à cause de ses spin doctors, autoproclamés grands stratèges, de son entourage et de leurs nominés.

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Il faut reconnaître qu’il n’est pas aisé d’installer une image de Premier ministre sérieux alors que, semaine après semaine, des scandales éclatent et l’éclaboussent. D’autant que ces scandales concernent des gens qu’on lui a fait nommer à des postes de responsabilité et qui révèlent leur in capacité à assumer les responsabilités qu’on leur a confiées. Cela va des responsables qui se nomment directeurs généraux des institutions qu’ils présidaient, à des avocates qui font du lobbying ou établissent des records de visites effectuées à des trafiquants de drogues incarcérés en une seule journée. Sans oublier l’ami d’enfance de la belle-sœur qui est en train de mettre une pagaille monstre à Air Mauritius où, se sentant gêné par des problèmes de discipline, il avait fait tout simplement révoquer l’ancien PDG. Un renvoi qui va coûter quelques dizaines de millions à la compagnie nationale. Auxquels il faudra ajouter ceux que le gouvernement doit à Betamax – et possiblement à Dawood Rawat – pour rupture de contrat et fermeture unilatérale d’entreprises.

Ce rappel de quelques-unes des casseroles que le Premier ministre est obligé de traîner permet de constater que le quotidien de Pravind Jugnauth est loin d’être réjouissant. Sans compter le député qui se photographie les parties intimes ; celui qui traite une journaliste de « femel lisien » ; le ministre de la Justice qui fait donner un certificat de moralité à un homme poursuivi en justice et ; l’inénarrable Soodhun, l’ambassadeur d’Arabie Saoudite se prenant pour un pistoléro avec pour cible le leader de l’opposition. Et puis papa n’aide pas avec ses déclarations souvent menaçantes et pas toujours à propos. Sans compter la protection qu’il assure à ses protégés que l’on ne touche pas quoi qu’ils puissent faire. Comme le Commissaire des Prisons qui s’est déclaré organisateur de spectacles dans lesquels les prisonnières dansent le séga pour ses invités étrangers !

Le problème c’est que tout cela retombe sur le Premier ministre, toujours en train d’essayer de se construire une image. Mais plutôt mal que bien, Pravind Jugnauth avait réussi à faire oublier ses casseroles et on avait profité du passage du cyclone pour monter une opération de communication : celle du Premier ministre allant rendre visite aux réfugiés du cyclone. Mais avant même que l’opération séduction ne débute, un de ses ministres l’avait déjà sabotée par une de ses déclarations intempestives. Quelques heures avant que Pravind Jugnauth ne se fasse filmer en caring prime minister à l’écoute des réfugiés, Étienne Sinatambou les avait déjà insultés avec son histoire d’eau et de biscuits.

Et là encore, Pravind Jugnautjh a raté le coche. Au lieu de se comporter en chef qui ne laisse rien passer – comme son père savait le faire – et d’exiger de Sinatambou des excuses publiques aux réfugiés en retirant ses propos, Pravind Jugnauth l’a défendu. Du coup, tout le capital qu’il aurait pu engrangé de sa visite aux réfugiés est tombé dans l’eau boueuse charriée par Berguitta et l’attention s’est braquée sur la polémique – avec ce qu’il faut de sous-entendu communal – déclenchée par les propos d’Étienne Sinatambou. Encore une casserole que le Premier ministre devra ajouter à la collection qu’il traîne déjà. Au risque de le répéter, il faut dire que, décidément, Pravind Jugnauth n’a pas de chance. Li mari soy !

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