Le mouvement sportif mauricien a été estomaqué, outré, en prenant connaissance, en début de semaine, de la décision d’un sportif d’entamer une grève de la faim. Du jamais vu dans les annales du sport mauricien ! D’autant que la personne concernée souffre d’un handicap visuel. Rosario Marianne, médaillé d’or au 100m non-voyant aux Jeux des Iles de l’océan Indien de 2015 à La Réunion, a donc pris la décision de s’élever contre le système plus que dictatorial du président de la Visually Handicapped Persons Sports Federation (VHPSF), Reynolds Permal, et de ses membres. Et il a eu raison.
Car tous ceux qui ont pris connaissance des difficultés rencontrées par Rosario Marianne pour obtenir une licence sportive, locale et internationale, ont unanimement condamné cette attitude antisportive et surtout révoltante. Non seulement de la VHPSF, mais également du Mauritius Paralympics Committee (MPC) que dirige Krisley Appadou et dont on n’arrive toujours pas à comprendre le rôle et l’utilité.
Ainsi, comme en 2018, la VHPSF a décidé de trouver toutes sortes de prétextes pour pénaliser un de ses licenciés. Tout simplement infecte quand on considère que le rôle même d’un dirigeant, voire sa responsabilité, est de travailler pour le bien-être de ses athlètes. Dans le cas présent, c’est tout le contraire des principes du sport qui a été privilégié. Pour cela, les dirigeants de la VHPSF méritent d’être sanctionnés.
En décidant de ne pas répondre favorablement à la demande de Rosario Marianne, la VHPSF s’est rendue coupable d’avoir privé un athlète de ses droits légitimes, celui de pouvoir participer à des compétitions locales et internationales. Et ça, c’est très grave. Les conséquences, elles, ont été néfastes pour Rosario Marianne. Il a été privé de compétitions pendant plusieurs mois et pour un athlète de haut niveau, c’est un moment invivable, même pire que lorsqu’il est blessé. Conséquence : sa bourse de haut niveau auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports a été supprimée pendant plusieurs mois ! Il aura ainsi fallu que Rosario Marianne fasse appel au Tribunal d’Arbitrage du Sport pour justice lui soit enfin rendue.
On pensait alors que la page était tournée et que Rosario Marianne allait pouvoir préparer sa saison 2019 en toute sérénité. Mais c’était mal connaître les intentions de certains à la VHPSF et surtout leurs coups bas. Loin d’être satisfaits d’avoir pénalisé injustement un sportif en 2018, ces messieurs n’étaient visiblement pas prêts à lâcher prise, résolument décidé à mener encore la vie dure à Rosario Marianne. Comme-ci les mois de souffrance psychologique enduré n’étaient pas suffisants. Malheureusement pour eux, Rosario Marianne avait, cette fois, décidé de procéder par la manière forte, incapable de digérer, une fois encore, une non-participation à une compétition et ce, sans aucune raison valable.
Aussi surprenant que cela puisse paraître toutefois, aussitôt les démarches de grève de la faim entamées que la VHPSF décide, comme par enchantement, d’émettre une licence nationale à Rosario Marianne ! Une décision choquante quand on considère qu’il aura fallu de cette menace de grève pour que cette fédération réagisse enfin à une demande déposée depuis le 5 décembre de l’année dernière !
A jeudi toutefois, il était question que Rosario Marianne n’obtienne qu’une licence nationale. La VHPSF estimant n’être pas en présence de résultats de Rosario Marianne, lui permettant de postuler pour une licence internationale ! Si ce n’est pas de la méchanceté, alors cela y ressemble étrangement, monsieur Permal. Ainsi, il aura fallu l’intervention du ministre Stephan Toussaint, vendredi, pour que cette fédération accepte, enfin, de prendre en considération les résultats du passé de Rosario Marianne. Mais là également, rien n’est gagné.
Décidemment, la VHPSF n’a pas fini de nous surprendre. Il y a peu, elle faisait comprendre que les National Handisports Games 2018, organisés par le ministère de la Jeunesse et des Sports, ne faisaient pas partie de son calendrier officiel, comme pour justifier la non-nomination de Rosario Marianne aux National Sports Awards. Or, subitement, cette même VHPSF a demandé au handisportif de participer aux Time Trials qu’organisera le bientôt MJS afin d’être éligible pour une licence internationale ! Est-ce à dire que ces activités du MJS font finalement partie du calendrier officiel de cette fédération ? Comprenne qui pourra…
Ce qui agace surtout, c’est la lâcheté des dirigeants de la VHPSF en voulant s’acharner sur un sportif qui a tout simplement décidé de ne plus s’entraîner sous les structures de la fédération. C’est en décidant justement de se séparer de son guide en 2017, puis de l’entraîneur national Jean-Yan Permal, qui n’est autre que le fils de Reynolds Permal, que les problèmes ont commencé à surgir. Et le fait d’avoir décidé de rejoindre un entraîneur personnel, nommément Jean-Marie Bhugeerathee, n’a pas arrangé les choses.
Au lieu de reconnaître les compétences de ce dernier et du travail entrepris pour mettre en valeur ses athlètes dont elle en aurait ensuite récolté les honneurs, la VHPSF a tout simplement fait fausse route en décidant de faire des misères à Rosario Marianne. Et c’est vraiment dommage, d’autant que nous savons tous que les résultats sont quasi-nuls pour ne pas dire inexistants au sein de cette fédération.
Alors, disons les choses telles qu’elles sont : les dirigeants de cet acabit n’ont pas leur place dans le sport. Venir refuser une licence à un sportif de haut niveau relève de la pure mesquinerie, d’autant que sans athlètes, vous n’existez pas messieurs. Alors, débarrassez le plancher et laissez vivre les sportifs.