Chaque parti politique revendique avoir réuni la plus grande foule pour le 1er-Mai. Ce qui supposé influencer la majorité des électeurs mauriciens : les indécis. Grâce aux radios privées et à leurs sites internet, les indécis ont pu, depuis leur salon ou leur varangue, assister à tous les meetings du 1er-Mai en direct.
Au contraire de ceux qui se sont déplacés et qui ont été obligés d’écouter tous les orateurs — même les mauvais —, les indécis ont pu, grâce aux radios privées, choisir qui écouter et qui zapper aussi bien les orateurs, les commentateurs ou autres analystes, pour se faire une idée pour qui voter: pour la continuité ou le changement. Autrement dit, faut-il garder Pravind à la tête du pays ou le remplacer par Navin ? C’est en fin de compte le seul enjeu de ces prochaines joutes législatives comme cela a toujours été le cas depuis l’indépendance dans l’alternance au pouvoir entre les familles Ramgoolam et Jugnauth, si l’on exclut la courte parenthèse Bérenger.
On retiendra du 1er mai 2019, le nouveau ton et le vocabulaire fleuri de Pravind Jugnauth. Jusqu’ici, il jouait le rôle du garçon bien élevé, choisissant son vocabulaire et maîtrisant ses humeurs, pour faire ressortir sa différence avec son unique adversaire au poste de Premier ministre. Depuis quelque temps, il a changé et il se lance dans des menaces et des jokes sur son adversaire qui font surtout rire ses courtisans et les candidats au ticket à ses meetings. Deux points de son discours de mercredi dernier illustrent la nouvelle manière de faire du leader du MSM. Il y a eu d’abord sa référence à ce qui se passerait si on laissait une femme seule dans une pièce fermée avec un leader politique. Ce propos macho, digne d’une conversation de taverne, était supposé faire rire. Il aura surtout choqué en premier les femmes et les jeunes filles dont Pravind Jugnauth se dit, depuis quelque temps, le champion.
Le deuxième propos est une soi-disant dénonciation d’un complot d’opposants pour essayer de déclencher un conflit religieux à Maurice. Si comme il l’a affirmé, mercredi dernier, Pravind Jugnauth a « des informations » sur ce soi-disant complot et ceux qui le préparent, ce n’est pas à l’assistance du meeting du MSM/ML qu’il aurait dû le dénoncer, mais aux autorités policières pour que les mesures urgentes et adéquates soient prises. Si ce n’est pas le cas, on pourrait légitimement se demander si ce n’était pas une « fake news » et, surtout, si c’est avec ce genre « d’arguments » que Pravind Jugnauth mènera la campagne électorale du MSM.
C’est sans aucun doute le leader du Reform Party qui a réussi à provoquer la surprise de ce 1er-Mai avec sa guest star, Laïna Rawat. La fille de l’ex-propriétaire de la BAI est venue affirmer que Roshi Badhain n’avait rien à faire avec l’écroulement de l’empire de son père en rejetant tous les torts sur Vishnu Lutchmeenaraidoo et Paul Bérenger ! Le fait d’avoir été, à un moment donné, privée d’accès à ses comptes bancaires semble avoir affecté la mémoire de Laina Rawat. Elle ne se rappelle plus comment le ministre de la Bonne Gouvernance de l’époque avait multiplié les shows télévisés, les conférences et interviews de presse pour se «taper sur l’estomac» et se proclamer le tombeur de la BAI, lui qui avait sauvé Maurice d’un « Ponzi scheme » géant. Si, comme l’a affirmé Laina Rawat, Roshi Bhadain n’a rien à voir avec l’écroulement de la BAI comment expliquer les propos de son père dénonçant une tentative de le forcer à signer un document acceptant sa culpabilité ?
Si Bhadain n’a rien fait dans l’affaire BAI, la déclaration de Dawood Rawat est donc un mensonge ? Les déclarations de Laina Rawat pour blanchir Roshi Badhain autorisent une autre question : pour quelles raisons est-ce que la BAI donnait des millions de roupies aux parties politiques ? Dernière question : est-ce que le PTr et le PMSD n’ont pas bénéficié de la générosité des Rawat et si non, pourquoi ? Au vu des questions suscitées par son intervention et avant d’accepter de participer au prochain show de Roshi Bhadain, Laina Rawat devrait méditer sur ce proverbe anglais : never start something you can’t stop.