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On va devoir repasser

Pas de réforme électorale, cette fois encore. Même si un projet de loi a été pour la première fois présenté de manière formelle. On va devoir repasser. Et revenir avec une autre clause temporaire pour amender la Constitution en vue de permettre aux candidats à une élection générale à ne pas devoir se soumettre à la déclaration obligée de sa communauté pour pouvoir participer au scrutin national. Pas de réforme parce que le MSM a, de manière unilatérale, voulu imposer sa formule aux autres partis et oser penser qu’ils se contenteront de voter. Allons ! On ne peut pas espérer obtenir un vote favorable de ceux qui n’ont en aucune façon été associés à la formulation du projet et alors même que leurs propositions d’amendement ont été soit ignorées soit refusées. Avant, pendant et après, c’est le même projet qui est proposé. Depuis sa présentation le 21 septembre.

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Le point fondamental de blocage reste le nombre de députés désignés à la proportionnelle. Parce que s’il y a plus de 12, ce serait, selon le MSM, une menace pour la stabilité de la majorité issue des urnes et du gouvernement devant être constitué. On ne sait pas si c’est une position de parti, si tout le monde est d’accord avec cette proposition. Ou si c’est un diktat du ministre Mentor, une fixation sur la stabilité dont n’arrive pas à se départir sir Anerood Jugnauth et qu’il a réussi à imposer à ses collègues. Il a même été jusqu’à dire que l’équité ne devrait pas être privilégiée aux dépens de la stabilité. Lorsqu’on a entendu Ivan Collendavelloo lui-même dire, vendredi soir, qu’il a ses « preferred views » on ne peut que légitimement penser que personne n’a osé dire à celui qui sera dans 15 mois le nonagénaire le plus célèbre de la classe politique sa pensée profonde.

À moins que tous au sein de la majorité gouvernementale ne soient arrivés à la conclusion qu’il fallait faire semblant de venir avec une réforme et que le but ultime était précisément de le torpiller en refusant de faire un pas dans la direction d’autres formations politiques. Ce qui rend aussi la démarche déjà stérile du gouvernement encore plus suspecte, c’est qu’il a décidé de coupler la réforme à l’urgence de mesures concrètes pour assurer une meilleure participation des femmes à l’Assemblée nationale. Pourquoi cet étrange amalgame ?

Une satisfaction quand même après la présentation de ce projet MSM de réforme, c’est qu’il a permis de découvrir le vrai visage de certains députés. Les petites mesquineries d’abord. Si c’est vrai que le frontbench du PMSD n’est pas particulièrement garni en effectifs à la puissance oratoire de feu pour ouvrir les hostilités sur le projet de réforme, c’était quand même assez curieux que ce soit un bleu, dans tous les sens du terme, un député du deuxième rang, Adrien Duval, qui a été envoyé au front pour répondre à la présentation du Premier ministre. Si l’on veut respecter un minimum d’élégance dans la pratique parlementaire, ç’aurait dû être, en cette occasion solennelle, soit le leader de l’opposition lui-même, soit un autre senior most member, comme Paul Bérenger, un ancien Premier ministre, familier avec le sujet, qui aurait dû être désigné pour commenter les propositions de Pravind Jugnauth.

Non, le parti des “zoli mamzel” a voulu monopoliser l’ouverture et la fermeture des débats. Pour quoi faire d’ailleurs ? Parler en premier pour raconter les pires inepties et démontrer que l’on est en cruel défi cit d’envergure et que l’on manque aussi le minimum de solennité républicaine que le sujet exigeait. Nous étions déjà totalement en faveur de l’abolition du Best Loser System, mais après avoir entendu Salim Abbas Mamode et vu sa prestation hier dans l’hémicycle, nous sommes plus que jamais convaincus qu’il est désormais urgent de s’en défaire. C’est un député qui, visiblement, n’arrive pas faire la distinction entre débat parlementaire et participation à une manifestation intolérante et sectaire à la Place d’Armes en se rendant par hasard, ce samedi de juin 2018, à la poste.

Les débats ont été, d’une manière générale, d’assez bonne facture, mais certains, à l’instar de Shakeel Mohamed, que nous ne mettrons évidemment pas dans le même panier que Salim Abbas Mamode et qui nous avait habitués à un peu plus de hauteur dans ses interventions, a profité de la tribune qui lui était offerte pour agresser un adversaire, Anwar Husnoo, et faire son show habituel destiné à ses électeurs du N°3. Pourtant, c’est le même député qui, il y a une semaine, prenait à contrepied Xavier Duval et sa justification aussi enthousiaste que choquante du renvoi des élections, voté en 1969, avant même la naissance du MMM. Des moments affligeants aussi lorsque d’autres y sont allés crûment et sans complexe en défendant leur communauté et ce qu’ils considèrent comme leurs droits acquis. Que c’était triste d’entendre tout cela 50 ans après l’indépendance !

Mais ce qu’il faut malheureusement constater après deux jours de débats, c’est que c’est raté. Le 16 septembre dernier, avant que le projet MSM-ML de réforme électorale ne soit rendu public, nous écrivions ce qui suit ici même : « Dans un autre pays où les politiques auraient été moins prisonniers de ce qu’ils croient être les revendications profondes de leurs bassins communaux, le dossier aurait été considéré de manière dépassionnée et un effort aurait été fait pour avancer, même si ce n’est pas sur la voie de l’unanimité. Si le gouvernement voulait vraiment faire date et réaliser cette réforme électorale tant attendue mais jamais arrivée et si les autres partis représentés à l’Assemblée nationale et en dehors se mettaient aussi de la partie, ils pourraient trouver une issue. À travers un Select Committee, par exemple ». Il fallait commencer par là. Enfin, si le gouvernement du jour voulait vraiment qu’une réforme aboutisse dans le consensus. Après les interventions de ces derniers jours, le doute se transforme graduellement en certitude.

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