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Pr Terry (Curtin University) : « Notre implantation à Maurice est une win-win situation pour les acteurs concernés »

Jeudi dernier a eu lieu la cérémonie marquant le passage de l’Institut Charles Telfair au statut de campus mauricien de l’université australienne Curtin. Pionnier de l’éducation supérieure à Maurice sous la houlette d’Éric et Odile Charoux, l’insitut a débuté ses activités comme un centre de formation à Quatre-Bornes en 2001. Aujourd’hui installé à Moka, Charles Telfair est la plus importante institution privée de l’enseignement supérieur et travaille en partenariat avec Curtin depuis 14 ans. Pour procéder officiellement au changement de statut, l’université australienne était représentée par une forte délégation dirigée par la vice-Chancellor, Pr Deborah Terry. Elle a accepté de répondre à nos questions.

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Lors de la cérémonie de changement de statut, jeudi, le Premier ministre a annoncé la fermeture de la Tertiary Education Commission, avec qui l’université Curtin a sans doute eu l’occasion de travailler dans le cadre de son partenariat avec l’institut Charles Telfair. Qu’en pensez-vous ?

Il faut souligner que le Premier ministre a annoncé que cette commission sera remplacée par une nouvelle institution. Un pays comme Maurice, qui se positionne comme un education hub pour la région et le continent africain, a besoin d’une institution régulatrice solide pour veiller que les règlements soient scrupuleusement respectés dans ce secteur.

Dans ce même discours, le Premier ministre a parlé des branches d’universités implantées à Maurice qui ne sont pas au niveau requis…
Il est tout à fait normal que le gouvernement veuille que, dans le hub de l’éducation dont il veut faire un des piliers du développement mauricien, les règlements en cours et le niveau de qualité soient respectés. Il faut souligner qu’une des qualités essentielles pour développer le hub éducatif mauricien repose sur sa réputation et le haut niveau de qualité des cours dispensés et la qualité des diplômes décernés. Les étudiants de la région ne viendront pas à Maurice si ces critères ne sont pas scrupuleusement respectés.

Il semble que l’Australie avait connu, il y a quelques années, un problème similaire avec la mise en opération de beaucoup d’écoles de formation qui n’avaient pas le niveau et dont la principale activité était le recrutement des élèves, pas la qualité des cours. D’ailleurs, des Mauriciens ont été victimes de ces “instituts” de formation…
L’institution régulatrice est intervenue en Australie pour remettre de l’ordre dans le secteur. Des consultations sont régulièrement organisées pour veiller que les règlements régissant le secteur de l’enseignement supérieur soient respectés et, en cas de besoin, adaptés ou amendés. Nous avons en Australie un nombre important d’institutions d’éducation et de formation techniques privées, et les règlements nécessaires pour que les intérêts de tous les acteurs soient respectés, que les cours adéquats soient dispensés et les diplômes délivrés.

Après avoir été le partenaire de l’Institut Charles Telfair pendant ces 14 dernières années, l’université Curtin a fait de cette institution mauricienne un de ses campus. Pourquoi une telle démarche de la plus importante université d’Australie de l’Ouest dans la toute petite île Maurice ?

Nous vivons dans un monde globalisé et l’objectif de Curtin est de faire partie de cette mondialisation au niveau d’une tertiary education de qualité. Au lieu d’attendre la demande qui viendra demain, nous préférons la précéder pour créer les universités dont le monde globalisé aura besoin. Nous positionnons Curtin comme une université globale et sommes déjà implantés dans des pays de l’Indian Ocean Rim. En sus de Perth en Australie, nous avons ouvert un campus en Malaisie depuis vingt ans, nous avons un campus à Singapour depuis dix ans et l’année dernière nous en avons ouvert un à Dubaï. Au cours des quatorze dernières années, nous avons eu un partenariat très fructueux avec l’Institut Charles Telfair, qui s’est positionné comme un des principaux acteurs dans le domaine de l’enseignement supérieur mauricien. Nous lui offrons la possibilité de donner une nouvelle dimension à son ambition, tout en participant à celle de l’université Curtin.

La transformation de l’Institut Charles Telfair en campus de Curtin n’a-t-elle pas également comme objectif de partir à la conquête du marché de l’éducation supérieur du continent africain ?

Notre voulons aider le gouvernement mauricien à atteindre son objectif de faire de son hub éducatif un des ses piliers de son développement économique. Curtin va participer à cet objectif en offrant davantage d’options éducatives, de cours spécialisés et de possibilités de logement. Nous allons également faire en sorte que Curtin Mauritius joue un rôle plus important dans le développement de l’éducation supérieure en termes d’innovation et de recherches dans tous les domaines essentiels du développement global. Nous pourrons construire plus de capacité de recherches à Maurice, où nous allons partager toutes les ressources dont nous disposons à travers nos quatre autres universités. Le réseau global de Curtin va permettre à nos étudiants qui le désirent de poursuivre leurs études en passant d’une université à l’autre sur trois continents, ce qui ne peut qu’être bénéfique au développement global. Nous pensons que le nouveau campus mauricien et ses propositions novatrices devraient intéresser les étudiants africains. Au départ, il y a déjà dans le pays, un des plus beaux de la région, la gentillesse de ses habitants et sa bonne réputation au niveau du tertiaire.

Que deviennent les chargés de cours mauriciens du défunt Institut Charles Telfair dans tout cela ?

Ils conservent leurs postes et continuent à travailler comme avant puisque la collaboration, qui dure depuis quatorze ans entre nos deux institutions, est non seulement maintenue, mais renforcée, enrichie. Les cours seront dispensés par les chargés de cours des universités Curtin dont nos amis mauriciens font désormais partie. J’aimerais souligner qu’un des facteurs du succès des campus de Curtin en dehors de l’Australie réside dans le fait que nous travaillons avec des professeurs des pays où ces universités sont implantées dans le cadre d’un partenariat solide. En ce qui concerne Curtin Maurice, nous allons continuer à travailler en étroite collaboration avec le conseil d’administration et le personnel enseignant local.

Quelque part, en devenant un des campus de Curtin, l’Institut Charles Telfair ne va-t-il pas perdre un peu ou toute son identité mauricienne ?

C’est une question qui a été évoquée dans le passé et même jeudi dernier lors de la réception qui a suivi la cérémonie officielle. Il ne faut pas oublier que le nom de la nouvelle université est Curtin Mauritius, ce qui explique bien le partenariat entre Curtin et l’île Maurice. C’est une win-win situation pour tous les acteurs concernés. Ce partenariat ne prend pas en ligne de compte seulement les intérêts et les projets de développement de Curtin, mais également ceux de Maurice. Nous devons travailler en étroite collaboration pour la réussite de cette nouvelle entité mauricienne, soutenue par l’expérience acquise par une institution australienne reconnue. L’avenir de Maurice passe par le développement de la nouvelle économie du savoir.

On note qu’autrefois Curtin s’exprimait en tant que partenaire de l’institut privé Charles Telfair et, dorénavant, vous vous considérez plus comme un partenaire de l’île Maurice…
Le développement de Maurice a été un des points fondamentaux de la politique de l’Institut Charles Telfair, que nous avons soutenu en tant que partenaire. Nous continuons sur la même voie, mais avec beaucoup plus de moyens pour réaliser nos ambitions communes à l’institut, au gouvernement mauricien et à l’université Curtin. Je vous rappelle par ailleurs que l’Australie et Maurice entretiennent depuis très longtemps de solides liens.

Pourquoi l’université Curtin n’a-t-elle pas ouvert un campus dans un des pays d’Afrique, comme elle l’a fait en Asie ?

Nous sommes déjà implantés à Maurice avec un bon partenaire, dans un pays avec l’ambition de développer son industrie du savoir, qui bénéficie d’une bonne infrastructure routière, avec un accès aérien facile sur les pays de la région. Il est beaucoup plus facile pour nous de rayonner à partir de ce que nous avons avec notre partenaire mauricien, soutenu par le gouvernement, que d’aller construire quelque chose de nouveau en Afrique. Par ailleurs, ouvrir un campus dans un pays africain aurait lié Curtin à un seul pays alors qu’avec Maurice, qui a une image déjà établie dans la région et au-delà, nous faisons appel à l’ensemble des pays du continent africain, surtout ceux qui ont besoin de former leurs cadres aux métiers de l’exploitation des ressources naturelles, plus particulièrement les ressources minières, qui figurent parmi nos spécialités.

Pourrait-on considérer l’implantation de Curtin à Maurice comme une première étape dans une stratégie pour une future implantation physique en Afrique ?

Cette question n’est pas à l’ordre du jour. Nous voulons construire des liens avec l’Afrique, mais en passant par Maurice, pour les raisons que je vous ai déjà expliquées. Notre campus de Dubaï fonctionne également de la même manière pour les pays du nord de l’Afrique. Ce qui nous permet désormais de couvrir l’ensemble du continent qui, vous le savez sans doute, est appelé à connaître un développement important dans tous les domaines au cours des prochaines années. Pour le moment, nous sommes totalement satisfaits de l’évolution de notre partenariat avec l’Institut Charles Telfair, dont Curtin Mauritius est un des aboutissements. Je suis convaincue que nous allons continuer à faire du bon travail ensemble, pour le bénéfice de l’île Maurice et de l’université Curtin.

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