Au Pakistan, des manifestations pour dénoncer 43 morts dans les dernières violences entre chiites et sunnites
Des milliers de Pakistanais ont manifesté vendredi contre les violences entre sunnites et chiites au lendemain de deux attaques ayant fait 43 morts, dont sept femmes et trois enfants.
A Karachi, la capitale économique dans le sud et à Lahore, la deuxième ville du pays dans l'est frontalier de l'Inde, des centaines de personnes se sont rassemblées, ont constaté des photographes de l'AFP.
"On en a marre de compter les corps", a lancé Khanum Nida Jafri, 50 ans, à Lahore.
Outre les 43 morts - quasiment tous chiites -, "11 blessés sont dans un état critique", selon un bilan donné à l'AFP par Javed Ullah Mehsud, membre de l'administration du district de Kourram (nord-ouest) où ont eu lieu les attaques.
"Jusqu'à quand va durer ce bain de sang?", a-t-il demandé, alors que la province du Khyber-Pakhtunkhwa frontalière de l'Afghanistan a connu son quatrième épisode sanglant depuis juillet.
Avant les 43 morts, la Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), principale ONG de défense des libertés du pays, avait recensé 79 morts dans des violences entre tribus chiites et sunnites souvent nées de différends pour la terre à Kourram.
"Est-ce que pour nos responsables les chiites ne font pas partie de la population? Est-ce que la paix pour nos femmes et nos enfants c'est trop demander?", poursuit Khanum Nida Jafri.
A Parachinar, principale ville du district de Kourram et bastion chiite, des centaines de personnes ont assisté aux funérailles des victimes de jeudi, en grande majorité des civils chiites et quelques policiers qui les escortaient, ont rapporté des témoins.
Plusieurs milliers de personnes ont ensuite mené un sit-in, a rapporté l'un d'eux, un habitant de Parachinar nommé Mohammed Ali, à l'AFP.
"Des jeunes ont scandé des slogans hostiles au gouvernement et se sont rapprochés d'un barrage de sécurité", a-t-il ajouté.
"Certains ont brisé des caméras de surveillance, brûlé des pneus et causé des dégâts" aux abords de ce barrage, a ajouté un membre de l'administration locale sous couvert d'anonymat.
Le réseau de téléphonie mobile a été coupé quelques heures dans la matinée, "un couvre-feu a été imposé sur la route principale", a-t-il ajouté, affirmant que le calme était désormais revenu.
M. Mehsud, lui, affirme désormais qu'une jirga, un conseil tribal, "a été convoquée". Dans la région où le code d'honneur tribal l'emporte souvent face à la loi que l’État peine à imposer, ces réunions servent à arracher des trêves.
Mais, trois fois cette année, les heurts ont repris à Kourram malgré des accords de jirga, à coup d'armes légères ou lourdes, notamment d'obus de mortier.
Ainsi, jeudi, deux convois transportant des chiites avaient été criblés de balles par "une dizaine d'assaillants", selon M. Mehsud, alors que les familles des deux confessions ne circulent plus depuis des mois dans les zones habitées par l'autre camp que sous escorte policière.
Cette semaine, plusieurs attaques ont secoué le nord-ouest du Pakistan, tuant 20 soldats, tandis que sept policiers ont été enlevés et libérés au bout de 24H.