Zelensky écourte sa visite en Afrique du Sud après de nouvelles attaques russes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé jeudi qu'il allait écourter sa visite en cours en Afrique du Sud pour rentrer plus tôt en Ukraine, après de nouvelles frappes russes ayant fait au moins huit morts à Kiev et plus de 70 blessés, selon un bilan revu à la baisse par les autorités.
Cette salve de frappes lancée par l'armée russe intervient en pleine crispation diplomatique, le président américain Donald Trump ayant accusé la veille le président ukrainien de bloquer un potentiel accord avec la Russie, qui continue de son côté de marteler des demandes maximalistes.
Face au lourd bilan de ces attaques russes, Volodymyr Zelensky a annulé en urgence "une partie" de son déplacement en Afrique du Sud pour rentrer en Ukraine "immédiatement" après un entretien avec son homologue Cyril Ramaphosa.
Dans la nuit, la Russie a bombardé l'Ukraine lors d'une attaque plus massive que celles qui visent quasiment quotidiennement le pays depuis le déclenchement de son invasion à grande échelle en février 2022, un conflit qui a engendré la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes, civils et militaires compris.
- "La Russie veut nous détruire" -
Au total, les forces russes, qui contrôlent près de 20% du territoire ukrainien, ont tiré 70 missiles et 145 drones sur six régions du pays, selon l'armée de l'air ukrainienne, qui a assuré avoir intercepté 112 de ces projectiles.
Plusieurs villes ont été visées, a-t-elle affirmé, dont Kiev où huit personnes ont péri, d'après son maire, Vitali Klitschko, revoyant ainsi un précédent bilan des autorités qui avaient évoqué dix puis neuf individus tués.
Le ministre de l'Intérieur, Igor Klymenko, a confirmé ce chiffre, en indiquant qu'il risquait d'augmenter car des corps se trouvent encore "sous les décombres".
Selon M. Zelensky, plus de 80 personnes ont été blessées à travers le pays. La dernière frappe de missiles contre la capitale ukrainienne remontait à début avril, mais c'est l'un des plus lourds bilans depuis des mois à Kiev.
"Les vitres ont volé en éclats, les portes ont été arrachées de leurs gonds", raconte auprès de l'AFP Olena Davydiouk, une avocate de 33 ans encore sous le choc.
"La Russie veut nous détruire", lâche-t-elle, en se disant "chanceuse" d'être toujours en vie.
Devant son immeuble aux vitre soufflées, Anna Balamout, une autre habitante, estime que seul un "miracle" lui a sauvé la vie et à ses deux enfants.
De son côté, l'armée russe a assuré dans un communiqué avoir visé et "touché" uniquement des entreprises ukrainiennes liées au complexe militaro-industriel.
- La Crimée au cœur des tensions -
La présidence ukrainienne a accusé le président russe Vladimir Poutine d'avoir "uniquement le désir de tuer" et, sur les réseaux sociaux, Volodymyr Zelensky a appelé Moscou à cesser ses frappes "immédiatement et sans condition".
La veille, Donald Trump s'en était pris violemment à M. Zelensky, en l'accusant de tenir des propos "incendiaires" sur la Crimée annexée, alors qu'un accord avec la Russie serait "très proche", selon le président américain, qui a repris ces dernières semaines des éléments de langage du Kremlin, notamment sur les causes du conflit.
Au coeur de ce regain de tension: la question de la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée par la Russie en 2014.
Le territoire est "perdu" depuis "des années" pour l'Ukraine, a lancé Donald Trump, s'attirant le satisfecit de Moscou.
"Cela correspond complètement à notre compréhension (des choses) et à ce que nous disons depuis longtemps", a salué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, disant "apprécier la médiation" de Washington.
Pourtant mardi, Volodymyr Zelensky s'était montré de son côté ferme sur le sujet: "Il n'y a rien à discuter (...) C'est notre territoire".
Vladimir Poutine semble, lui, considérer que le temps joue en sa faveur. Malgré de lourdes pertes, son armée avance, lentement, dans l'est de l'Ukraine face à des forces ukrainiennes moins nombreuses et moins équipées.
Le dirigeant russe maintient donc des demandes maximalistes: une capitulation de facto de l'Ukraine, qu'elle renonce à rejoindre l'Otan, et les cinq régions ukrainiennes annexées. Autant de conditions inacceptables pour Kiev et ses alliés européens, qui ont du mal à faire entendre leur voix.
La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a elle réagi jeudi aux attaques en dénonçant la Russie comme le "véritable obstacle" à la paix.
Dans ce contexte incertain, l'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre en Russie cette semaine, pour la quatrième fois depuis le rapprochement diplomatique avec Moscou impulsé mi-février par Donald Trump.